Pompier. Sorte de mâle sportif en uniforme symbolisant l’abnégation, le sacrifice, l’humanisme et le courage héroïque.
Ou alors, qualificatif, en Art, pour ce qui relève de l’emphase, du solennel ampoulé, bref, de descendances immodestes d’un romantisme qui se serait débarrassé de son drame existentialiste pour ne conserver de la tragédie qu’une extravagance théâtrale de mauvais goût.
Et bien, curieusement, je n’ai jamais pu blairer les premiers (les costauds rudes mais sympas dans leur camion rouge) et j’ai une certaine faiblesse pour les seconds, tout au moins en peinture.
En fait, le mouvement « pompier » reste une appellation moqueuse des dérives de l'Art Académique regroupant, pour majeure partie, des œuvres de commande filtrées par les bons soins des Académies étatiques européennes du type Beaux Arts, du début des années 1800 jusqu’au début des années 1900 : les sculpteurs font des œuvres monumentales, les peintres des fresques titanesques, et ce corpus orne à qui mieux cours de palais, plafonds de musées, d’opéras, d’écoles et tout un tas de monuments nationaux imposants. S’il se présente comme fortement inspiré par les hauts faits historiques mais aussi les héros bibliques ou mythologiques - thèmes qu’il emprunte au courant romantique l’ayant précédé -, l’Art Académique se pique aussi souvent d’orientalisme : c’est donc à ce mélange de démesure symboliste et d’exotisme prétexte au voyeurisme consensuel que le qualificatif de « pompier » s’est retrouvé affublé. Que ce soit en référence à la brillance un peu m’as-tu-vu du casque des hommes du feu, ou en opposition au très populaire mouvement Pompéiste (ou « neo-grec ») salué par Théophile Gauthier, qui pousse à l’époque quelques jeunes peintres élèves de Delaroche à traiter les grandes figures mythiques et mythologiques dans un sens privilégiant plus de fantaisie et de poésie, les Académistes, considérés comme obséquieux et inutilement sérieux, deviennent inversement, dès lors, « pompeux » ou « pompiers ».
Ou alors, qualificatif, en Art, pour ce qui relève de l’emphase, du solennel ampoulé, bref, de descendances immodestes d’un romantisme qui se serait débarrassé de son drame existentialiste pour ne conserver de la tragédie qu’une extravagance théâtrale de mauvais goût.
Et bien, curieusement, je n’ai jamais pu blairer les premiers (les costauds rudes mais sympas dans leur camion rouge) et j’ai une certaine faiblesse pour les seconds, tout au moins en peinture.
En fait, le mouvement « pompier » reste une appellation moqueuse des dérives de l'Art Académique regroupant, pour majeure partie, des œuvres de commande filtrées par les bons soins des Académies étatiques européennes du type Beaux Arts, du début des années 1800 jusqu’au début des années 1900 : les sculpteurs font des œuvres monumentales, les peintres des fresques titanesques, et ce corpus orne à qui mieux cours de palais, plafonds de musées, d’opéras, d’écoles et tout un tas de monuments nationaux imposants. S’il se présente comme fortement inspiré par les hauts faits historiques mais aussi les héros bibliques ou mythologiques - thèmes qu’il emprunte au courant romantique l’ayant précédé -, l’Art Académique se pique aussi souvent d’orientalisme : c’est donc à ce mélange de démesure symboliste et d’exotisme prétexte au voyeurisme consensuel que le qualificatif de « pompier » s’est retrouvé affublé. Que ce soit en référence à la brillance un peu m’as-tu-vu du casque des hommes du feu, ou en opposition au très populaire mouvement Pompéiste (ou « neo-grec ») salué par Théophile Gauthier, qui pousse à l’époque quelques jeunes peintres élèves de Delaroche à traiter les grandes figures mythiques et mythologiques dans un sens privilégiant plus de fantaisie et de poésie, les Académistes, considérés comme obséquieux et inutilement sérieux, deviennent inversement, dès lors, « pompeux » ou « pompiers ».
Parmi eux pourtant, de vraies pépites illuminent le XIXème siècles d’œuvres aussi curieuses que saisissantes : un romantisme déviant y donne corps à des scènes dont la violence se dispute au stupre, la méchanceté à l’injustice et le drame à l’atrocité, le tout dans un style dont la finesse, la précision et l’expressivité surprend par sa modernité, si bien que certaines de ses œuvres « pompier » pourraient, sans souffrir de la moindre comparaison, atterrir dans les cases de cette bande dessinée contemporaine à son tour si friande de mythes et de légendes tutélaires.
Parmi elles, les peintures de Paul Jamin, membre de la Société d'anthropologie de Paris, amateur, comme il se doit, d'histoire, mais bien plus curieusement de préhistoire, thème rarement apprécié de ses congénères. L’éminant Jean-Jacques Breton explique que "Paul Jamin ne prend plus le prétexte orientaliste pour exhiber des chairs nues. Il ne peint pas des marchands d'esclaves (au contraire du néanmoins sublime « marché aux esclaves » de Gustave Boulanger, à qui l’on doit entre autres la décoration du foyer de la danse de l’opéra de Paris http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/cd/Boulanger_Gustave_Clarence_Rudolphe_The_Slave_Market.jpg, mais aborde la violence (…)
"Un drame à l'âge de pierre" - Paul Jamin |
(…) et ce qui apparaîtra insupportable au plus misogyne des antiféministes : le sort horrible des femmes prisonnières.
On retrouve cette double prédilection pour les scènes de violences ou l’exposition obscène des corps chez d’autres Pompiers, dans les œuvres desquelles la théâtralité cède le pas au glauque, à l’effroi et à ce voyeurisme morbide bien connu de nos internautes contemporains : le célèbre « Caïn fuyant avec sa famille » d’un Fernand Cormon par exemple, http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8a/Fernand_Cormon_004.jpg ou le déviant mais sublime « Rolla » d’Henri Gervex http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/93/Rolla.jpg inspiré du poème de Musset dont je ne peux m’empêcher de citer quelques vers :
"Rapt à l'époque de la pierre" - Paul Jamin |
détail de cette scène de conquête de femelles par les mâles |
« Rolla considérait d’un oeil mélancolique
La belle Marion dormant dans son grand lit ;
Je ne sais quoi d’horrible et presque diabolique
Le faisait jusqu’aux os frissonner malgré lui.
Marion coûtait cher. - Pour lui payer sa nuit,
Il avait dépensé sa dernière pistole.
Ses amis le savaient. Lui même, en arrivant,
Il s’était pris la main et donné sa parole
Que personne, au grand jour, ne le verrait vivant.
Trois ans, - les trois plus beaux de la belle jeunesse, -
Trois ans de volupté, de délire et d’ivresse,
Allaient s’évanouir comme un songe léger,
Comme le chant lointain d’un oiseau passager. »
Jean-Jacque Breton précise, au sujet de Jamin, que « l'effroi du spectateur est augmenté par l'aspect joyeux du chef Brennus. Cependant si cette œuvre est la plus reproduite, c'est sans doute qu'elle constitue aussi un splendide exercice pour se livrer à la délectation morose."
"Le Brenn et sa part de butin" - Paul Jamin |
Cette autre scène dépeinte par Jamin, quoique totalement fantasmée, idéalise « le Brenn » dans la pure tradition Académique ; cependant, Jamin grivoise cette « part de butin » : en plus de l'or et de l'argent, de jeunes romaines brunes ou rousses appétissantes à souhait sont déjà prêtes à subir ses outrages… Notons que le chef gaulois, avec son sourire satisfait et sa lance sanguinolente, ne manque pas d'appétit...
Dans un tout autre registre, Cavanna commentera cet incroyable tableau de cette façon dans son best-seller « Nos ancêtres les Gaulois » : "Rome est enfin prise. Tout ce qu'elle contient est aux Gaulois, tout : or, vin, femmes...Le Brenn ou Brennus, c'est-à-dire le chef, est fatigué. Il a beaucoup tué, beaucoup incendié mais toutes ces femmes splendides, ces aristocrates lisses et parfumées sont à lui, il peut en faire ce qu'il veut, tout ce qu'il veut..."
Alors, Pompiers, ou pompiers ?
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