C’est dimanche et comme tous les dimanches
C’est le ballet des livreurs de pizza
Virées sauvages de scooters japonais le long des rues désertes
Grognant en stéréo leur rage d’insecte
Tous surmontés de la caisse aux dimensions énormes
Qui trône à leur arrière comme la poupe d’un sloop de corsaire
Tandis qu’au bord de la selle, l’éternel jogging aux cuisses
D’insupportables pilotes bravent la signalisation en chaussettes cartoon
Auréolés de la gloire de leur mission suicide
Et de vapeurs de mozzarella
A l’affût des sonnettes ils remontent les plaques numérotées
Des rues laissées aux lampadaires et aux échos de téléviseurs
En agaçant par à-coups la poignée de leur guêpe
A essence
A contresens
Le casque soudé à la tête et le dédain poli
Ils délivrent enfin une pitance rance, grasse de la tiédeur des ingrédients mauvais
A d’invisibles ombres chaussées de pantoufles
Qui referment très vite sur un confort idiot de lourdes portes lasses
Tandis que le vacarme du roquet de métal reprend déjà
Ramenant le pilote à une échoppe de néons éternellement carrelée
Devant laquelle, attroupés,
D’autres livreurs désœuvrés fument des monceaux de chanvre
Dans un vaste concours de pur désœuvrement
Footballistique :
Demain, nous mourrons tous d’un même prolétariat.
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