Le voilà le piège de l’été. Il se referme en toute discrétion, enrobé d’une fine couche de nuages opalescents et d’averses frauduleuses, de faux dilettantismes et d’occasions ratées au coucher du jour. Mais que personne ne s’y trompe, ses crocs brûlants plantent leur toute première pointe dans l’anesthésie biaiseuse de nos chairs blanchâtres, aussi sûrement que le même soleil brûlera sans coup férir nos abdomen souffreteux, le moment venu.
Déjà, les anges déchus bannis hier d’un horrible royaume s’enhardissent, exhibant leurs tongs délétères au cœur de la foule des week-ends, osant quitter les recoins d’estaminets putrides ; d’autres infernales harpies sortent de leurs chausses humides ces effrayantes grappes d’orteils recroquevillés peinturlurées de couleurs criardes, annonçant d’un hurlement affreux mais encore silencieux la bacchanale à venir. Les doubles verres plastiques noirs masquant les pupilles dilatées au kérosène de créatures maudites fleurissent sur les arrêtes de davantage de nez sans plus aucune retenue, les démons les plus féroces glissant déjà, eux, d’immondes pattes velues et horriblement laiteuses hors de shorts égrillards, tandis que de leurs chariotes rutilantes s’échappent à plein volume les sons hideux de tambours apocalyptiques accompagnés d’infernales harmonies clinquantes et de chants hypnotiques.
De toute part la visqueuse humeur des marais s’approche, le souffle moite de dunes lointaines rongées de chaleur guettant au faîte de vagues bleues mutilées l’instant de saisir un dimanche propice pour s’abattre enfin d’un seul vent désoxygéné sur une foule exsangue, aveugle et ébahie, regroupée dans un parc à l’herbe morte, toute heureuse de sa sentence.
Et l’été règnera alors une fois de plus dans toute sa desquamation, ramenant le peu de beauté accumulée sous l’aile ouateuse de l’hiver dans un creuset éminemment fragile, cerné par la danse arrogante et ininterrompue des bêtes et des sots aux fronts cernés de palmes.
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