A vrai dire, j’ai regardé sans la moindre passion la génération populaire dépourvue de toute aspiration se présenter aux portes du
monde médiatique avec l’avidité du challenger. Je ne vais
pas m’échiner ici à essayer de livrer une analyse tentant de sortir du lot,
tant il n’y a plus rien d’intelligent à
dire de tout ça.
Mais voilà que m’interpelle, à force
d’avoir eu, cette année, à sur-côtoyer les enfants des couches les plus aisées de la population,
autre chose : la même terrible vacuité qui les touche. J’ai pu constater à quel point, pareillement,
ils érigent la Marque en valeur refuge : bizarrement, ils l’arborent aussi
comme un trophée. Or, ce qui peut sembler logique pour les adolescents désargentés
des couches populaires, qui éprouvent le besoin d’afficher ce dépassement de
leur propre condition sociale à travers la possession de vêtements, accessoires
et objets griffés promettant l’épanouissement personnel et la valorisation
ultime du Moi, m’a apparu assez stupide chez les plus riches.
Dans mon esprit, les riches, s’ils veillaient toujours scrupuleusement à afficher les codes propres à leur classe, s’étaient définitivement libérés de l’ancien plaisir masturbatoire de leur revendication et de leur affichage : soit en optant pour des griffes plus confidentielles, plus rares, donc à nouveau « codables », soit en renonçant à arborer avec l’ostentation passée leurs monogrammes fétiches. Mais non. Les enfants de riches n’ont pas pris la peine de réinventer leurs « marques-repères », alors que leurs propres codes et griffes sont devenus propriété de couches populaires ayant sacralisé sans la moindre hésitation, comme le rap et la musique électronique l’ont fait avec le répertoire des 70’s, les symboles de leur exclusion sociale. Voilà donc que quelque chose de commun les enserre, qui n’est même plus tenu par le seul pouvoir d’achat, contrairement à ce que pensent les plus démunis : les filles et fils de riches éprouvent le même besoin d’être admirés pour ce qu’ils ont, détiennent, et revêtent, plus encore que les pauvres.
Dans mon esprit, les riches, s’ils veillaient toujours scrupuleusement à afficher les codes propres à leur classe, s’étaient définitivement libérés de l’ancien plaisir masturbatoire de leur revendication et de leur affichage : soit en optant pour des griffes plus confidentielles, plus rares, donc à nouveau « codables », soit en renonçant à arborer avec l’ostentation passée leurs monogrammes fétiches. Mais non. Les enfants de riches n’ont pas pris la peine de réinventer leurs « marques-repères », alors que leurs propres codes et griffes sont devenus propriété de couches populaires ayant sacralisé sans la moindre hésitation, comme le rap et la musique électronique l’ont fait avec le répertoire des 70’s, les symboles de leur exclusion sociale. Voilà donc que quelque chose de commun les enserre, qui n’est même plus tenu par le seul pouvoir d’achat, contrairement à ce que pensent les plus démunis : les filles et fils de riches éprouvent le même besoin d’être admirés pour ce qu’ils ont, détiennent, et revêtent, plus encore que les pauvres.
Au final, le Panthéon de la
réussite des classes populaires en rêve de gloire médiatique, avec pour sainte
trinité « Télé (subdivision W9/NRJ12) / Presse People (subdivision
Public/Ooops) / Internet (subdivision YouTube/FaceBook/Twitter/Instagram) »
est donc tout aussi activement vénéré par les enfants de riches auxquels il ne reste, pour se distinguer de la plèbe et pour le plus grand bonheurs de
marchands, que la surenchère : ils
greffent donc à cette vacuité iconique une autre Trinité : Grandes Espérances
(subdivision classes de prépa aux grandes écoles) / Vacances Exotiques (bashing
des ex-destinations cotées livrées au low-cost) / Opulence (fêtes privées où le
« déguisement en adulte parvenu » est de rigueur, accompagné d’une incontournable
bande-son « musiques du ghetto »). Mais cet ajout s’exprime, malgré
tout, dans un giron commun de nazisme eugéniste dédié au culte du corps : le
« selfie » numérique, parangon de la beauté stéréotypée, ayatollah du
style, réunit pauvres et riches dans un même combat : pas de place pour
les moches. Une certitude nouvelle se partage ainsi dans une liesse commune de
l’esthétique griffée : on ne peut réussir sans un physique.
Pour autant, mon véritable
étonnement, finalement, réside ailleurs : que la jeunesse occidentale ait
agréée l’injonction forcenée de s’unir autour du Rien quel que soit son
degré de richesse est peut-être en soi une sorte de drame, je n’en sais rien :
par contre, ce qui est stupéfiant, c’est que pour parvenir à maintenir une
échelle de comparaison, les enfants de riches veulent à nouveau travailler. Ils le désirent même ardemment. Exit les fils
et filles de riches désabusés visant l’oisiveté suprême : chez les
adolescents bourgeois, l’ex statut social du « winner » en vigueur au
moment-même où je rentrai moi-même sur le marché du travail (horaires déments,
fric à outrance, show-off permanent) vient se ré-opposer à la déliquescence de
la valeur travail qui ravage notre propre génération.
Tandis que désintéressés
par l’opulence, nous désertons en masse l’Emploi au profit d’un culte égocentré basé
sur la recherche de buts fictifs (réalisation du Moi à travers le bricolage, le
jardinage, la décoration, la fibre artistique ou les disciplines du bien-être),
eux revalorisent avec une foi déconcertante une liste de métiers immondes (médecins,
avocats, traders, économistes) en leur adjuvant de nouveaux effets de mode
(wedding-planers, personal fashion coaching, mais aussi viticulture, management
de vacances-concept, entreprenariat high-tech…). A priori, nous voilà de retour
dans la sectorisation : les enfants de pauvres, restés agglutinés autour
de l’échec du monde du travail où ils ne désirent plus davantage se mettre au
service de leurs congénères aisés dont on a définitivement révélé le cynisme,
le mépris et le désintérêt total pour leur prochain (cadre dans lequel les
enfants de riches se sentent naturellement à l’aise), doivent pourtant renoncer
au système de protection sociale des trente dernières années, qui atteint sa
limite définitive. Il ne leur reste qu’à rêver de réussite mais d’une réussite
mystique, poétique, merveilleuse, dans laquelle leur seule présence, leur seule
aura, leur seule « essence stylée » suffirait, sur le grand échiquier
de la chance, pour accéder à la réussite.
Dans un grand tour de Roue du Destin, les valeurs se retrouvent donc dé-polarisées :
là où les riches réinvestissent dans la valeur travail anciennement propre au
prolétariat (effort, abnégation, enthousiasme, récompense, self-esteem), les
pauvres rêvent d’ascension sociale par « filiation hasardeuse » : car
dans ce nouvel ordre mondial occidental, c’est bel et bien le hasard qui met
soudainement les stars de demain dans la lumière, plus aucune qualité intrinsèque
autre qu’une « personnalité » ne semblant être requise pour passer de
l’ombre à la lumière.
Il me semble que je voulais, à dix-sept ans, être unique, mais pas par
distinction : je ne voulais pas être reconnu, je voulais être différent. Je
voulais, plus que tout, être libre d’inventer, marchant sur le plat-bord qui
séparait alors deux autoroutes sociétales : d’un côté, celle des années
frime de Bernard Tapie promettant aux hippies déçus révolution moderniste,
gadgets, dents propres, réussite professionnelle fulgurante, avènement
de l’ère informatique (pas encore totalement numérique), prémisses de l’ère
smartphonique, règne de l’ère CD, et culte du corps (tiens donc…) ; de l’autre,
la communauté arty post-punk de Thierry Ardisson, promettant aux anciens
intellectuels austères néo-catholiques, avec de nouveaux designers, de nouveaux
créateurs de mode, de nouveaux architectes, de nouveaux musiciens, de nouveaux
concepteurs-rédacteurs, et dans un déluge de consommation de drogues sympa, un « avenir
créatif ».
Coincé entre nihilisme chic et superpouvoirs friqués, je
dénigrais tout dans l’ardeur d’inventer mieux. Si j’étais avide de travailler c’était
pour inventer mon travail, car je voulais gagner de l’argent pour le dépenser
dans l’instant comme un acte politique, je voulais manger des hamburger mais
boire du bon vin, je conspuais tout et tout le monde, certain de naître parce
que je pouvais lire Jean-Philippe Toussaint en écoutant Andrew Eldritch et que
je parvenais à haïr l’ambition dévorante qui m’animait en la mâtinant de cheap-philosophie.
Les jeunes riches et les jeunes pauvres sont dramatiquement cons. Les jeunes pauvres avec leur « urban-style »
et leur miroir aux alouettes sportivo-culturel.
Les jeunes riches avec leur « Gold porn-chic » et leurs
certitudes Cac-quarantées. Roulant à la vitesse vorace d’une berline allemande
(de l’aveu même de ses fiers concepteurs, « sur-équipée ») sur une
bande d’asphalte payante, leur convoi de l’apparence, du culte de l’objet
manufacturé, du message dé-s-orthographié et du bruit musical bpm-isé se
démultiplie à l’envi sous un soleil cancérigène, faisant voler des poussières
délétères en direction de no man’s land périphériques bardés de panneaux
publicitaires Dior. Quelque part, les images J-Peg copy-left des Dieux de la
poésie décapités trônent sur Google search au milieu d’une île de Pâques livrée
aux bulldozer d’une station balnéaire en banqueroute.
Bonjour a tout le monde
RépondreSupprimerJe réalise tous types de travaux occultes (Amour, santé, travail, relationnel, finances, justice, attraction de la clientèle, désenvoutement, protection des lieux, Protection et harmonisation des lieux, du couple, des personnes, retour d'affection, protection occulte et physique...) Et talismans selon le but recherché.
Je réponds aussi à toutes vos questions à partir de la voyance.
Vous pouvez aussi me contacter pour tous types de développement personnel et spirituel allant jusqu'aux initiations occultes et spirituelles.
Email: maitrevoyantspirituel@outlook.com
Número WhatsApp: +22960742065
Merci d’avoir choisi mes services et que les genis vous bénisse.