Après avoir publié un recueil de textes, de chansons et de pièces de théâtre incluant une partie de son travail avec Lydia Lunch, (muse no-wave auto-proclamée, post-héroïnée, acoquinée à l’inénarrable James Chance, rencontrée à l’époque de Birthday Party), Nick vient péniblement à bout de son roman.
Déboussolé, il quitte Berlin-Ouest mais au lieu de regagner son Australie natale, il décide d’opter pour les côtes brésiliennes, comme un fuyard baudelairien. Le fils qu’il y conçoit avec une styliste porte alors à quatre le nombre de sa progéniture, tandis que la puissance évocatrice des rythmes latins, et plus particulièrement ceux de la Saudade, le happent ; la Saudade ? Pour les romantiques brésiliens, un état d’humeur plus qu’un style de musique; le tempo d’une complainte censée parler aux apatrides qui pleurent avec élégance la nostalgie d’un passé fantasmé ; un cousin proche du "spleen" des auteurs romantiques français, en somme. De cette plongée dans les humeurs brésiliennes, Nick ramène « The Good Son » : il se découvre apaisé, amoureux, presque gai. C’est peut-être aussi le sevrage qu’il a entrepris dans ce pays farouche qui vient trahir avec dandysme son pessimisme viscéral.
Déboussolé, il quitte Berlin-Ouest mais au lieu de regagner son Australie natale, il décide d’opter pour les côtes brésiliennes, comme un fuyard baudelairien. Le fils qu’il y conçoit avec une styliste porte alors à quatre le nombre de sa progéniture, tandis que la puissance évocatrice des rythmes latins, et plus particulièrement ceux de la Saudade, le happent ; la Saudade ? Pour les romantiques brésiliens, un état d’humeur plus qu’un style de musique; le tempo d’une complainte censée parler aux apatrides qui pleurent avec élégance la nostalgie d’un passé fantasmé ; un cousin proche du "spleen" des auteurs romantiques français, en somme. De cette plongée dans les humeurs brésiliennes, Nick ramène « The Good Son » : il se découvre apaisé, amoureux, presque gai. C’est peut-être aussi le sevrage qu’il a entrepris dans ce pays farouche qui vient trahir avec dandysme son pessimisme viscéral.
Viscéral? Nick ne tarde pas à regagner la Perfide Albion pour donner naissance à « Henry's Dream », le septième album, sorte d’hommage aux poèmes de John Berryman, l’un des papes du Confessionnalisme américain. Alors que les fans déroutés se réjouissent, apparaissent pour la première fois Martyn P. Casey à la basse et Conway Savage aux claviers : tous deux australiens, ils deviendront des « « membres piliers » des Bad Seeds à partir de l’enregistrement de cet étrange concept-album qui fait s'entrecroiser des personnages d'une chanson à l'autre.
Sur sa lancée, le groupe sort « Let Love In » en 1994 : l’un des albums de Nick Cave and the Bad Seeds les plus abordables, qui vaudra notamment au titre "Loverman" d’être successivement repris par Metallica, puis par Martin Gore.
Une année passe : c'est largement assez pour que le groupe s'enfonce inexorablement dans ses noirceurs. « Notre première intention était de réaliser un disque que personne n'aime, de ceux qui servent simplement à faire joli dans une collection, mais que l'on n'a jamais envie d'écouter ». Back to black… Avec "Murder Ballads" le groupe livre un album entièrement dédié au meurtre et aux meurtriers. Sont-ce les trois duos (deux réalisés avec des femmes : PJ Harvey avec laquelle Nick vit une passade, puis la rescapée des 80’s Kylie Minogue avec laquelle il finit par signer un véritable « hit » ; enfin, un troisième avec l’inénarrable Shane McGowan des Pogues), toujours est-il que l’album connaît contre toute attente, et comme un pied de nez à son créateur, un vrai succès public. Si les arrangements y sont doux, et pour une fois très accessibles, les paroles, elles, ne transigent pas : elles sont profondément lugubres. Prémonitoires ?
Dès 1997 on retrouve Nick et ses Bad Seeds empêtrés dans la poudre et l’alcool : "Murder Ballads" finit d'emporter le groupe derrière son cortège funèbre, et telle une voiture-balai fantomatique, "The Boatman's Call", album encensé par les esthètes rock-critic, sort de la brume : bien loin des arrangements grandiloquents jusqu’ici livrés aux mains des Bad Seeds pour théâtraliser des récits noirâtres de personnages dignes de Poe, c'est une plongée introspective dans l’âme de Nick Cave, au cœur de laquelle errent le fantôme de Viviane Carneiro, son amour brésilien, et celui de PJ Harvey. Bizarrement, deux Bad Seeds supplémentaires viennent prêter main forte au line-up pour entourer cette veillée minimaliste déclinée au piano, dans laquelle on discerne l’empreinte du "Blood on the Tracks" de Bob Dylan écrit en 1975 pour évacuer son divorce d’avec Sara Lownds… Jim Sclavunos, vétéran de la scène no wave repêché des Teenage Jesus and the Jerks, le groupe de Lydia Lunch, et le génie multi-instrumentiste Warren Ellis.
Cette même année 97, le monder perd Colonel Parker -l'impayable manager d'Elvis-, Allen Ginsberg, Notorious B.I.G, Jeff Buckley, Barbara et Mickael Hutchence, tandis que toutes les platines CD de la planète résonnent aux notes de deux des plus grands succès de cette fin de siècle : "Homogenic" de Björk, et "OK Computer" de Radiohead.
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