lundi 4 février 2013

Un homme extraordinaire...

J’ai jamais pu blairer Shakespeare. Rien que son nom à écrire, on dirait qu’il l’a fait exprès pour faire chier. Alors quand on découvre dans les journaux du soir qu’on vient, tout près de Leicester, de retrouver la dépouille de Richard III sous les combles d’un vieux parking en démolition, et qu’on rappelle immédiatement, comme un lien de cause à effet, la teneur empoisonneuse du drame de cet auteur ankylosé de snobisme élitiste pouilleux qui a fait passer, pour le compte des Tudor dont il léchait allègrement la banane, cet incroyable Roi pour une saloperie de bossu sanguinaire, comment faire autrement que de s’insurger ?
A ce stade, tout cela mériterait enquête. Et j’ai toujours voulu faire preuve de probité. Oui, j’y ai toujours tenu. Ca a tout le temps été stérile, tout le monde s’en fout royalement, mais tout le temps, chaque fois que j’ai souhaité, ici-même, dans ces pages, évoquer quelque penchant pour « l’histoire », j’ai passé des heures entières à me documenter comme un rat sur la question que je souhaitais aborder, de peur de manquer de jugement, de sources, et évidemment, de probité. Mais là, je m’en fous. Va savoir pourquoi ? Les choses parfois ne doivent pas êtres expliquées (et puis ce Gewurztraminer de 2011 était vraiment foutrement gouleyant, ça, c’est un fait avéré). Il se trouve néanmoins que j’éprouve l’envie, là, en ce moment, d’être le huron qui laisse son canoë couler le long de la rivière, sans autre velléité que de regarder les dieux péter en l’air. Et donc moi, là, j’ai envie de dire comme ça, sans aucune preuve, sans aucune documentation, sans aucun argumentaire, que Richard III, et bien, je l’aime bien ; il a fait assassiner ses deux neveux, donc c’est un salaud ? Je défie quiconque d’aller mettre le nez dans l’histoire royale anglaise, principalement celle qui émaille cette « guerre des deux roses » du XVe siècle anglo-saxon, et parvenir à y faire le tri tant tous ces rois, neveux, nièces, frères, alliés et autres ennemis d’un soir tournent casaque à la vitesse de l’éclair sous la houlette biaiseuse d’historiens antagonistes. On disait Richard III bossu ? En fait, une sévère scoliose déformante lui faisait porter une épaule bien plus haute que l’autre. Et alors (comme dirait la nubile - et néanmoins putrescente – Shym’) ? : Berthe, la tendre mère de Charlemagne himself, était bien appelée « aux grands pieds » alors qu’elle n’avait, en réalité, une difformité d’un seul de ses deux pieds, ce qui la rend tout de suite plus énigmatique… Peyin le bref, son Gentilhomme (et que tous les « gentlemen » de l’histoire aillent se faire enculer, le « gentlemen » anglais Sean Conneryesque n’ étant autre qu’une traduction merdique du Gentilhomme à la française, les anglais n’étant, à l’époque de la naissance de l’expression, qu’une peuplade de trayeurs de vaches) devait, semble-t-il, son surnom, si l‘on s’en tient aux livres mielleusement minimalistes d’histoire de France de nos jeunes années… à sa petite taille, alors qu’il le devait en réalité à la rapidité et la « brièveté » avec laquelle il était capable d’occire ses ennemis au combat à l’aide du fléau d’arme hérité de son père, l’ignoblement récupéré Charles Martel (qui se servait donc d’un « marteau d’arme », outil ô combien sympathique)))… Bref (et je déteste « Bref », soit dit en passant, cet espèce d’enculé bobo mal rasé à l’humour pisseux pour conasses en mal d’autodérision), Charles III n’était pas bossu, il avait juste une épaule en l’air.
Après, bon, on a dit qu’il était couard. Bon, il se trouve que sur le squelette que l’on vient de retrouver sous le béton de ce parking de seconde zone dans une banlieue moisie d’Angleterre, près du site de la bataille de Bosworth, les fractures et traumatismes recensés sur la dépouille proviennent toutes de l’arrière : en l’occurrence, il ne suffirait pas de grand-chose de plus à un de nos vieux gaulois (un franc salique, je veux dire) pour en déterminer la couardise avérée du bonhomme ( rappelons que ceux-là de nos ancêtre germains (des boches, ni plus ni moins, on va pas se voiler la face) se rasaient la nuque exprès, leur semblant de casque se résumant à une coupelle frontale ridicule mais très brillante, et ce, pour symboliser leur réticence à se retourner lors d’un affrontement : le cas échéant, ils ne présenteraient plus alors à l’ennemi qu’une nuque tondue, toute prête à accueillir la lame de la hache, du glaive ou du pilum, pour les achever comme des merdes de fuyards qu’il seraient devenus ) : il a pris ce qui ressemble à un coup de hallebarde dans le bas de la nuque, là, bien dans les vertèbres - mais déjà d’autres historiens (vous savez, cette race d’onanistes qui veulent tous avoir raison sur des faits sur lesquels personne ne peut plus trancher, ce qui rend leurs théories respectives toutes aussi inutiles les unes que les autres) parlent juste d’un trait de flèche - et un autre qui créé déjà moins de polémique, en plein à l’arrière de la tête, de la part « d’un outil plus « acéré »…
Là, d’autres savants de l’histoire relisent les vers de ce péteux amidonné de Shakespeare, « My Kingdom for a Horse », comme la supplique d’une fiotte voulant se carapater à vitesse grand V d’un champ de bataille tournant vinaigre et qui chercherait par tous les moyens à filer « à l’anglaise » ; mais il se trouve qu’il a été déterré dans des écrits du XVIe des témoignages faisant état d’une rage de la part de Richard III à l’encontre de Henri Tudor qui se serait traduite par une volonté farouche d’en découdre personnellement avec le type lui-même sur le champ de bataille, rage qui aurait poussé le Richard à se jeter en plein cœur de la mêlée bien que le pugilat tournât ostensiblement en la défaveur de ses troupes, juste pour pouvoir se colleter de près avec son rival dans l’espoir de lui foutre une branlée des familles (parce que, par contre, il est de notoriété publique, et ça personne ne semble le contester, que le gars Henri III, fallait pas le chercher beaucoup pour qu’il choppe les boulasses et qu’il vous en balance un de derrière les fagots en pleine poire, et ce, depuis son plus jeune âge, l’enculé): de là, « My Kingdom for a horse » redeviendrait le cri de haine farouche d’une bête ensanglantée à l’adresse de son ennemi juré en train de remporter une bataille décisive, ce qui, avouons-le, change quand-même passablement l’image du bonhomme à l’épaule plus haute que l’autre.
Toujours est-il qu’on le retrouve avec des blessures plein le dos, ce qui prouve que : soit on l’a escarbillé comme une hyène par derrière alors qu’il se ruait vers le Tudor la bave aux lèvres / soit effectivement qu’au contraire, il tentait de foutre le camp comme une mangouste chiasseuse et qu’un quelconque soudard du camp adverse a en profité pour lui flanquer une bonne trempe derrière le paletot, coup qu’un autre type avant lui aurait déjà tenté avec moins de résultat en lui fendillant juste le crâne de la pointe de sa rapière.
On notera aussi qu’il avait toutes les molaires pourries, ce qui le rend un peu moins glamour mais un peu plus rock’n’roll aussi. Une haleine de bouc et des dents gâtées, pour un Roi, ça la fout mal, mais pour un hargneux têtu, c’est toujours plus convaincant.
Toujours est-il que nous voilà dans la plus grande expectative devant ce cadavre du XVe siècle retrouvé dans les soubassements d’une construction Vinci à l’anglaise, et que personne ne sera vraiment foutu de dire ce qu’il en a été de ce type, mais qu’une chose est sûre : Shakespeare et les Tudor sont une belle brochette d’enculés, moi, je vous le dis. Parce qu’on a beau ergoter dans le sens qu’on veut, résister pendant 5 siècles et presque un demi de plus sous une place de parking au fin fond du trou du cul de la province anglaise, juste pour faire blablater les historiens lunetteux du moment pendant encore deux bons siècles, ma foi, on a beau dire, ça force le respect.
A King is dead. Long live the King.

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