Par un étrange concours de circonstances, plusieurs des siphons de la maison que j’habite ont décidé de se boucher quasi simultanément. Puis ça a été au tour de ceux des locaux dans lesquels il m’arrive d’aller travailler, quand j’ai objectivement épuisé ma capacité à la paresse. Alors, je me suis accroupi, à plusieurs reprises.
Je les ai démontés et je les ai mis de côté pour les nettoyer, subitement encerclé par ces similaires relents détestables. J’ai retiré le long des embouts intérieurs ces mêmes mottes organiques longilignes en putréfaction lascivement ventousées comme des algues mutantes, parfois à l’aide d’un ustensile - indifféremment un tournevis, un petit couteau de cuisine ou parfois même à la main, à l’aide d’une feuille de papier absorbant ou d’un mouchoir de poche précautionneusement déplié. Après en avoir maculé des fonds de seaux ménagers à la couleur criarde, j’ai fini de lustrer le pourtour intérieur récalcitrant de ces embouts, puis j’ai fait couler de larges filets d’eau pour rincer les dernières traces ; j’ai ensuite lavé cette boue noirâtre et poisseuse qui engorgeait chacun des réservoirs à l’aide de mon index et de mon majeur réunis : frottant avec une légère grimace l’alvéole de plastique blanche jusqu’à ce que la sensation de gras glissant sous mes doigts disparaisse, de grandes éclaboussures d’eau spongieuse sont à chaque reprise venues s’écraser dans le fond fangeux du seau quelques centimètres plus bas directement au milieu des mottes vaseuses précédentes, le flux du robinet se déversant directement dans la bonde béante comme saisi de frénésie à l’idée de ne plus rencontrer de résistance. J’ai ensuite revissé précautionneusement chacun de ces artefacts plastiques en positionnant l’étroit joint torique à l’horizontale dans la dernière rainure du filetage pré-usiné, puis vérifié qu’il n’y ait pas de fuite lorsque je les ai remis en eau, passant à plusieurs reprises un chiffon humide ou un de ces carrés d’éponge alvéolés sur le tout, à l’affût d’une humidité résiduelle. A chaque fois, je me suis senti satisfait d’être ainsi venu à bout de cette opération délicate en ayant surmonté cette ultime petite répulsion sournoise lorsqu’il s’est agi, pour finir, de vider le contenu du seau dans la cuvette des toilettes, puis de rincer le seau dans le bac à douche, puis de rincer enfin le bac à douche lui-même. Puis j’ai commencé, tout en me sentant très vaguement coupable de participer à la dégradation massive d’une nature lointaine et impalpable, à déverser dans chaque évier le contenu d’une bouteille de déboucheur industriel, le nez picoté par l’inévitable remontée de soude et d’acide émanant de ce liquide épais aux couleurs étrangement phosphorescentes promettant, par cette seule couleur chimiquement effrayante, d’atomiser quelques mètres en dessous, d’autres armées de conglomérats miasmeux pétrifiés autour de matières pileuses agglomérées à un ensemble de croutes, poudres, pâtes et savons divers, englués dans le cheminement exigu d’évacuations en PVC gris sombre. Comme il est préconisé sur les étiquettes ornées de ces pictogrammes crucifères oranges, j’ai patienté une demi-journée puis j’ai abondamment gaspillé de longs geysers d’eau potable pour signer la fin du procédé. A chaque fois, je me suis senti réjoui d’avoir permis que l’eau coule à nouveau dans de petits borborygmes chantant, fluide et claire, et disparaisse avec grâce dans d’invisibles tubulures serpentant avec technicité vers de plus grosses sections sous le bitume urbain pour rejoindre un plus grand ailleurs liquide. Puis je suis retourné à ma paresse. Parce que dès le jour d’après, dans chacun de ces éviers, se sont remis à glisser de longs cheveux fins à l’ondulation provocante, de petits poils teigneux rectilignes, de larges gouttes de savon liquide, de grosses mottes de dentifrice bulleuses, de longs serpents de mousse à raser bubonneux et tout un tas de particules invisibles qui, inéluctablement, ont ré-entamé avec l’obstination des choses mortes leur lent travail de stratification pourrissante.
Je les ai démontés et je les ai mis de côté pour les nettoyer, subitement encerclé par ces similaires relents détestables. J’ai retiré le long des embouts intérieurs ces mêmes mottes organiques longilignes en putréfaction lascivement ventousées comme des algues mutantes, parfois à l’aide d’un ustensile - indifféremment un tournevis, un petit couteau de cuisine ou parfois même à la main, à l’aide d’une feuille de papier absorbant ou d’un mouchoir de poche précautionneusement déplié. Après en avoir maculé des fonds de seaux ménagers à la couleur criarde, j’ai fini de lustrer le pourtour intérieur récalcitrant de ces embouts, puis j’ai fait couler de larges filets d’eau pour rincer les dernières traces ; j’ai ensuite lavé cette boue noirâtre et poisseuse qui engorgeait chacun des réservoirs à l’aide de mon index et de mon majeur réunis : frottant avec une légère grimace l’alvéole de plastique blanche jusqu’à ce que la sensation de gras glissant sous mes doigts disparaisse, de grandes éclaboussures d’eau spongieuse sont à chaque reprise venues s’écraser dans le fond fangeux du seau quelques centimètres plus bas directement au milieu des mottes vaseuses précédentes, le flux du robinet se déversant directement dans la bonde béante comme saisi de frénésie à l’idée de ne plus rencontrer de résistance. J’ai ensuite revissé précautionneusement chacun de ces artefacts plastiques en positionnant l’étroit joint torique à l’horizontale dans la dernière rainure du filetage pré-usiné, puis vérifié qu’il n’y ait pas de fuite lorsque je les ai remis en eau, passant à plusieurs reprises un chiffon humide ou un de ces carrés d’éponge alvéolés sur le tout, à l’affût d’une humidité résiduelle. A chaque fois, je me suis senti satisfait d’être ainsi venu à bout de cette opération délicate en ayant surmonté cette ultime petite répulsion sournoise lorsqu’il s’est agi, pour finir, de vider le contenu du seau dans la cuvette des toilettes, puis de rincer le seau dans le bac à douche, puis de rincer enfin le bac à douche lui-même. Puis j’ai commencé, tout en me sentant très vaguement coupable de participer à la dégradation massive d’une nature lointaine et impalpable, à déverser dans chaque évier le contenu d’une bouteille de déboucheur industriel, le nez picoté par l’inévitable remontée de soude et d’acide émanant de ce liquide épais aux couleurs étrangement phosphorescentes promettant, par cette seule couleur chimiquement effrayante, d’atomiser quelques mètres en dessous, d’autres armées de conglomérats miasmeux pétrifiés autour de matières pileuses agglomérées à un ensemble de croutes, poudres, pâtes et savons divers, englués dans le cheminement exigu d’évacuations en PVC gris sombre. Comme il est préconisé sur les étiquettes ornées de ces pictogrammes crucifères oranges, j’ai patienté une demi-journée puis j’ai abondamment gaspillé de longs geysers d’eau potable pour signer la fin du procédé. A chaque fois, je me suis senti réjoui d’avoir permis que l’eau coule à nouveau dans de petits borborygmes chantant, fluide et claire, et disparaisse avec grâce dans d’invisibles tubulures serpentant avec technicité vers de plus grosses sections sous le bitume urbain pour rejoindre un plus grand ailleurs liquide. Puis je suis retourné à ma paresse. Parce que dès le jour d’après, dans chacun de ces éviers, se sont remis à glisser de longs cheveux fins à l’ondulation provocante, de petits poils teigneux rectilignes, de larges gouttes de savon liquide, de grosses mottes de dentifrice bulleuses, de longs serpents de mousse à raser bubonneux et tout un tas de particules invisibles qui, inéluctablement, ont ré-entamé avec l’obstination des choses mortes leur lent travail de stratification pourrissante.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire