En 1967, alors que Serge Papert invente le langage "Logo" - à bien des égards, un langage informatique surpassant déjà les "Basic" qui émergeront dans les années 80 jusqu'à demeurer aujourd'hui encore la base sur laquelle s'appuient de nombreuses recherches en Intelligence Artificielle - Richard Brautigan livre cette Ode visionnaire intitulée : "Sous la surveillance bienveillante des machines."
Pendant ce temps, l'impressionnant Samuel R. Delany publie "Babel 17", dont le concept de "Novlangue" - langage transformant ses utilisateurs en combattants redoutables - reste un des postulats fictionnels les plus excitants de l'histoire des la SF (si ça ne suffisait pas, il s'apprête à publier "Nova" l'année suivante, le "Moby Dick" du genre).
De son côté, Robert Merle, cinq ans avant le chef-d'oeuvre "Malevil", publie l'étonnant "Un animal doué de raison", dont le postulat s'appuie, lui, sur les impressionnantes avancées scientifiques de l'époque en matière de communication et de transmission de langage avec des dauphins.
En 1967, dix-huit ans après l'avertissement d'Orwell, l'informatique, la fiction et le langage étaient à nouveau une poésie.
Sous la surveillance bienveillante des machines
"J'aime penser (et
le plus tôt sera le mieux!)
à une prairie cybernétique
où mammifères et ordinateurs
vivent ensemble dans une harmonie
mutuellement programmée
comme l'eau pure
touchant un ciel clair.
J'aime penser
(immédiatement s'il vous plaît!)
à une forêt cybernétique
faites de pins et d'électroniques
où les cerfs se promènent paisiblement
parmi les ordinateurs
comme s'ils étaient des fleurs
aux boutons tournoyants.
J'aime penser
(il faut qu'il en soit ainsi!)
à une écologie cybernétique
où, libérés de tout labeur
et retournés à la nature,
nous serions réunis avec nos frères et sœurs mammifères
sous la surveillance bienveillante
des machines de grâce et d'amour."
Merci pour le poème entier, dont la troisième et dernière strophe est citée en exergue de la cinquième et dernière partie de "Robopocalypse" de Daniel H. Wilson, inspiration du film éponyme de Steven Spielberg.
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