"L'été se décompose mollement, comme une fleur fanée. Les plages redécouvriront bientôt le vide: n'oublions pas qu'une plage est un désert avec de l'eau salée devant.
L'été a été. C'est avec un pincement mélancolique qu'on le regarde s'envoler; petit à petit, il se transformera en souvenir. On songera bientôt avec nostalgie à ces mois de feinte liberté et de lenteur animale, où l'on panse ses blessures comme un convalescent, allongé dans un hamac, bercé par des rires d'enfants. On sourrira en se remémorant les films incompréhensibles qu'on a vus au cinéma quand il pleuvait. On ruminera ses illusions, ses frustrations et ses gueules de bois estivales.
C'est une saison de rencontres éphémères et d'abandons provisoires.
L'été ne tient jamais ses promesses, l'été est notre rupture préférée, chaque année l'été nous fait souffrir et jouir, mourir et ressusciter comme n'importe quel dieu fait homme.
Détester cette saison n'empêchera pas les autres d'être fades. Aujourd'hui 28 août 2010, je déclare solennellement ceci : je refuse l'automne, j'annule l'hiver, et le printemps est reporté. Je veux être et avoir l'été.
Glander n'est pas seulement agréable mais nécessaire à la survie de l'espèce humaine. Ralentir, faire du monde un été éternel, est notre seule chance de durer sur cette terre. "Démobilisation générale!" L'utopie de Gébé (L'An 01) est réalisable : "On arrête tout mardi, à 15h." Dans le film de Jacques Doillon tiré de la BD, on voyait Gérard Depardieu qui refusait de prendre son train et Philippe Starck qui refusait de faire de la publicité!
Une humanité alanguie, improductive et savoureuse, un peu abrutie, vaguement somnolente, cesserait de s'autodétruire. L'existence deviendrait comme une longue grasse matinée, un perpétuel dimanche d'août.
L'été est une saison d'extrême-gauche!"
Frédéric Beigbeider.
Edito de "Voici" n°1190.
L'été a été. C'est avec un pincement mélancolique qu'on le regarde s'envoler; petit à petit, il se transformera en souvenir. On songera bientôt avec nostalgie à ces mois de feinte liberté et de lenteur animale, où l'on panse ses blessures comme un convalescent, allongé dans un hamac, bercé par des rires d'enfants. On sourrira en se remémorant les films incompréhensibles qu'on a vus au cinéma quand il pleuvait. On ruminera ses illusions, ses frustrations et ses gueules de bois estivales.
C'est une saison de rencontres éphémères et d'abandons provisoires.
L'été ne tient jamais ses promesses, l'été est notre rupture préférée, chaque année l'été nous fait souffrir et jouir, mourir et ressusciter comme n'importe quel dieu fait homme.
Détester cette saison n'empêchera pas les autres d'être fades. Aujourd'hui 28 août 2010, je déclare solennellement ceci : je refuse l'automne, j'annule l'hiver, et le printemps est reporté. Je veux être et avoir l'été.
Glander n'est pas seulement agréable mais nécessaire à la survie de l'espèce humaine. Ralentir, faire du monde un été éternel, est notre seule chance de durer sur cette terre. "Démobilisation générale!" L'utopie de Gébé (L'An 01) est réalisable : "On arrête tout mardi, à 15h." Dans le film de Jacques Doillon tiré de la BD, on voyait Gérard Depardieu qui refusait de prendre son train et Philippe Starck qui refusait de faire de la publicité!
Une humanité alanguie, improductive et savoureuse, un peu abrutie, vaguement somnolente, cesserait de s'autodétruire. L'existence deviendrait comme une longue grasse matinée, un perpétuel dimanche d'août.
L'été est une saison d'extrême-gauche!"
Frédéric Beigbeider.
Edito de "Voici" n°1190.
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