mardi 22 novembre 2011

Et cette quarantième année qui se fait toujours attendre...

Et tout sera toujours comme ça, après avoir vu la sublime Anna Mouglalis dans le terriblement italien Romanzo Criminale j’ai fini ce roman à moitié raté de Dan Fante sur la couverture duquel une très jeune afro américaine exhibe des seins juvéniles un peu foireux à l’aide d’un sourire déformé par la bouteille qu’elle tient à la main dans une chambre sale, navigué dans ses chapitres coincés entre poésies magnifiquement ratées et autofiction brillamment cliché, en réfléchissant sans aboutir sur la destinée des deux fils d’un des plus grands écrivains du siècle mort bouffi d’alcool et de dettes, l’aîné mort d’alcoolisme, le cadet tout aussi alcoolisé mais sauvé par sa recherche désespérée et horriblement vouée à l’échec d’une gloire littéraire contemporaine qu’il voudrait léguer à rebours sans avoir l’once d’une chance d’y parvenir, je me suis aussi retrouvé à discuter avec beaucoup d'empathie de quel genre d'oeuvre pourrait venir transformer mon salon avec un galeriste chevronné à l'occasion d'un souper très arrosé de vins blancs, survolé le troisième tome de Servitudes tout juste paru en me disant que je le relirai plus tard à tête reposée sans pour autant réussir à le bâcler vraiment mais sans prendre le temps de me vautrer devant donc je l’ai très mal lu, lu sur son propre site une très longue biographie de Maurice Dantec plutôt réussie bien que terriblement trop dithyrambique, vu trois films la même nuit en finissant par l’incroyable chef d’œuvre de Wes Anderson, A Bord du Darjeeling Limited sur la fin duquel je me suis ignoblement endormi après avoir ingurgité un piteux sandwich au pain de mie en plein milieu de la nuit, réjoui comme on peut l’être d’avoir reçu ce cadeau inattendu mais écœuré de ne pas parvenir à retenir davantage un sommeil s’annonçant vaseux, nul et mou sans un rêve qui en vaille la peine, tombant en grâce devant le génie lymphatique de Jason Schwartzman (et découvrir ce matin qu’il est dans la vraie vie le fils d’Adrienne la femme de Rocky, et plus inutilement batteur d’un groupe de rock inconnu et cousin de Sofia Coppola), et tout en même temps tombant follement amoureux d’Amara Karan, entamé intrigué un tout petit roman d’Anne Marie Garat que j’avais acheté pour ma femme au Bleuet, la librairie génialement bobo implantée dans le village de Banon, édité sur un papier vélin dans un format oblong surprenant, et l’ai fini d’une traite très amoureux de tous ces mots compliqués et de ce style délicieusement obséquieux mais il n’aurait pas fallu qu’il soit plus long, vaincu une dizaine de sudoku de niveau très avancé comme une mécanique en laissant mon cerveau ergoter sur l’omniprésence des mécaniques et des objectifs de leurs constructeurs respectifs en crispant ces rides obliques sur mon front sous l’assaut des décibels de merveilleux moteurs de machines génialement complexes volontairement grondants, puissant et rauques dans la rue qui plonge sous mes fenêtres, le chuintement métallique feutré de scooters de dernière génération, m’agaçant sans répit de ce grincement de freins caractéristique qui annonce systématiquement le virage en criant l’usure des disques de plus de la moitié des véhicules en service dans cette partie de la ville, et enfin, écouté deux différents bruits de talons dévaler terriblement lentement cette même rue la nuit venue en me retenant avec succès de passer la tête par la fenêtre pour identifier les silhouettes dont le pas résonnait si mystérieusement dans un silence soudain regroupé pour attendre une pluie qui ne viendrait pas.

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