D’abord, il y a eu Joël Egloff. C’était Novembre, 2009. Quand je me suis retrouvé avec le petit fascicule de « l’étourdissement » entre les mains, je me suis mis sans trop savoir pourquoi à saliver, si bien que j’ai commencé à le lire dès que j’ai pu, un peu compulsivement, c'est-à-dire sur une banquette de métro et j’ai dû refermer le livre à peine le premier paragraphe de la première page avalé tant j’ai souhaité conserver dans mon corps le plus longtemps possible la sensation délicieuse de tenir là une pépite, et d’en avoir encore pour quelques dizaines de pages à m’en dilater les synapses. Ils sont déjà très rares, les chercheurs d’or qui vous tuyautent sur un filon, mais ceux qui vous prennent carrément par la main pour vous coller le nez sur une veine de ce calibre, ça, pour sûr, il n’en reste presque plus. Il a été de ceux-là, alors que moi, j’aurais pu errer des saisons entières dans une Sierra de rayonnages de livres hostiles sans jamais tomber sur Joël Egloff et son « étourdissement ». Un vrai cowboy, le gars. Ceux avec les yeux clairs.
Maintenant, voilà qu’il remet ça avec « L’oiseau Canadèche ». Le titre, il me le dicte au téléphone parce qu’il avait lu dans les pages-mêmes de ce blog que je pataugeais dans une période difficile de cale sèche en matière de lecture, nous étions fin décembre. Un anniversaire fatidique me menaçait du haut de ses quarante monstrueuses années, et je dois dire que le titre ne m’avait guère chuchoté de promesses, pas plus que le nom de l’auteur, Jim Dodge, qui ne m’évoquait rien d’autre qu’un coffre de pick-up et une parodie d’Amérique. J’ai un peu bataillé pour trouver l’ouvrage, ce qui m’a paru bon signe. Je l’ai acheté, mais je ne l’ai pas ouvert. J’ai bel et bien jeté un œil sur la quatrième de couverture pour constater que j’allais avoir affaire à une histoire de grand-père et de petit-fils assortis d’une bête, et j’ai décidé que je garderai la tête ailleurs pour un temps. Six mois plus tard, je l’ouvre. Un petit bouquin de rien, tout juste 105 pages quand « l’étourdissement » en affichait bravement 140. Et bien, laissez-moi dire que je fais parfois un bien piètre chercheur d’or. Heureusement que j’ai un acolyte terrible. Heureusement que des fois, mon Blueberry personnel traverse le désert et me rend visite, avec un petit bout de carte au fond d’une de ses sacoches de selle et une croix dessinée dessus au crayon gras. Parce que voilà une nouvelle pépite. Cette fois-ci, je l’ai descendu d’un trait, comme un premier verre un soir de j’ai-envie-de-me-saoûler-à-mort. Cul-sec, « L’oiseau Canadèche. ». Après, je l’ai tenu en mains comme un con, exactement comme le verre vide qu’on fait tanguer dans sa paume une fois qu’on a son compte.
Mon chercheur d’or, il s’appelle Mathias. Des fois, il s’appelle aussi « usthiax », quand il trouve son or à lui, dans sa propre mine de diamants. Il en extrait des trucs comme ceux-là : >http://soundcloud.com/usthiaxmmxi/sets/nouvel-album.
Après, il remonte sur son cheval.
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