Dans le Guardian de 2015, Andrew Stafford, le Rock-érudit
d’Australie, titrait à propos du départ officiel de Malcom Young du plus
célèbre hard-blues band de tous les temps : « AC have lost their DC » avec, comme headline à un article particulièrement brillant[1]
(traduction) : « C’était Malcom Young qui définissait le son d’AC/DC.
Sans lui, les dieux du rock australiens sont menacés de ne plus être qu’un hommage
permanent à leur ancien eux-mêmes. »
Le titre prémonitoire de cet article, rédigé à l’issue
de la sortie du 16ème (!) album du groupe, s’inspire de la formidable réponse de feu Bon
Scott, à qui un journaliste semble avoir demandé ingénument s’il se
considérait comme le AC ou le DC du groupe : avec l'ambivalente modestie qui
caractérisait l’écossais le plus badboy d’Australie, il aurait répondu : « Ni
l’un ni l’autre. Je suis l’éclair de lumière entre les deux. » Entre les deux ? Ben oui. Entre les deux
frères Young: Angus, courant alternatif soliste rugueux comme l’émeri, Malcolm,
courant continu solide et sinusoïdal comme le laiton.
Malcom Young, atteint de démence (on dirait
peut-être, en France, d’Alzheimer), n’est en effet plus en mesure de se
rappeler de ses propres morceaux : durant le titanesque Black Ice Tour de
2010, il réalise l’exploit à peine concevable de réapprendre au sens strict du
terme quasiment chaque morceau avant de monter sur scène. A la sortie de ce
marathon, il jette l’éponge.
Andrew Stafford, devant la pochette de "Rock Or
Bust", avoue donc qu’il n’aura plus le cœur d’aller voir AC/DC sur scène :
pour lui, AC vient de perdre son DC. Anathème prémonitoire : Malcom Young
meurt deux ans plus tard, ce 17 novembre 2017, laissant son frère Angus unique
membre original du line-up australien.
Les hommages se multiplient sur le globe. Inutile d’en
signer un de plus.
Par contre, essayons de comprendre ce que signifie vraiment,
si l’on parle d’Electricité (bah oui, quand même un peu…), le fait de perdre définitivement le « Direct
Current» pour ne plus bénéficier que d’« Alternating Current ». Pour ce faire, laissons la parole à M. MATHLVET,
Ingénieur en chef des Travaux du jour aux Mines de Vicoigne, Nœux et Drocourl,
qui s’exprime en ces termes dans sa célèbre note technique « Comparaison
entre le courant continu et le courant alternatif » :
« Tout en réservant nos pronostics, pour les
lignes de force à très haute-tension et en souhaitant même qu'il soit fait une
part au courant continu dans les grandes transmissions d'énergie, nous pourrons
conclure ainsi : chaque fois qu'il s'agira d'une application vulgaire de
l'électricité, et chaque fois qu'il s'agira de défricher un champ d'action
jusque là vierge, il sera plus simple de faire appel au courant alternatif, ce
qui ne veut pas dire que ce sera plus économique. Mais chaque fois que l'on
voudra opérer un travail délicat, demandant à la fois de la souplesse et de la
précision, il faudra revenir au courant continu par des transformations
appropriées, en choisissant, dans chaque cas, la solution la plus économique
pour ces transformations ; une fois que l'on aura transformé les courants
alternatifs primaires en courant continu d'utilisation, il ne faudra pas
craindre de développer au maximum les applications du courant continu qui sera
ainsi considéré comme un auxiliaire indispensable du courant alternatif,
c'est-à-dire un auxiliaire capable de redresser les erreurs et les faiblesses
inhérentes à la nature même du courant alternatif, le courant continu n'étant
pas autre chose, d'ailleurs, que du courant alternatif amélioré. Nous nous
excusons de ne pouvoir faire franchement pencher la balance dans un sens, ni
dans l'autre, mais ceci nous prouve, une fois de plus, qu'il n'y a pas, pour
nous autres humains, de vérité intangible et que nous devons toujours nous
contenter d'un médiocre à peu-près. »
So long, Malcolm.
Tu devais ton prénom à Saint Colomba, missionnaire irlandais ayant été condamné à l’exil en Ecosse pour, selon la légende, y « convertir autant de nouveaux chrétiens qu’il en était morts par sa faute » : il est dit qu’il y dompta le monstre du Loch Ness, et qu’il fut un des rares missionnaires à pouvoir traiter avec les druides.
Tu devais ton prénom à Saint Colomba, missionnaire irlandais ayant été condamné à l’exil en Ecosse pour, selon la légende, y « convertir autant de nouveaux chrétiens qu’il en était morts par sa faute » : il est dit qu’il y dompta le monstre du Loch Ness, et qu’il fut un des rares missionnaires à pouvoir traiter avec les druides.
Disons donc : Saint Malcom.
Envoyez les cornemuses.
Envoyez les cornemuses.
[1] https://www.theguardian.com/music/2015/nov/02/acdc-without-rhythm-guitarist-malcolm-young-ac-have-lost-their-dc
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