On entend souvent bien davantage les voix de Martha
Wash et d’Isora Rhodes que celle – au demeurant incroyable – de feu
Sylvester, légèrement sous-mixée à la fois sur scène et sur disque,dans les incroyables
productions que Patrick Cowley va bidouiller pour l’ultra-icône Drag du San
Francisco des 80’s : les deux divas, choisies pour trois raisons, y
bombardent leur gospel-funk dans un quasi-anonymat.
La première de ces raisons c’est
leur voix, évidemment. Mais leur physique comptera aussi pour beaucoup : la
nouvelle manager cherche à gommer l’étiquette ouvertement « queen »
de la pop-star gay (dont le Bowie ultra-androgyne de la fin des 70’s aura fini
par dire, vaguement écœuré : « San Francisco n’a pas besoin de moi :
ils ont Sylvester »).
Du coup, adieu le défilé de choristes chamarrées (« nobody’s giving out recording contracts to drag queens ») de surcroît pas toujours d’excellente qualité, et place à deux « Mamas » voluptueuses – et définitivement féminines - qui, de surcroît, une fois qu’elles encadrent Sylvester de part et d’autres, ont tendance à faire oublier la légère prise de poids de la star elle-même… (Sylvester, qui vient de tomber sous le charme de la voix exceptionnelle de Martha Wash, lui demande cash lors de son audition si elle n’a pas une autre « large black friend who could sing like her »)
Du coup, adieu le défilé de choristes chamarrées (« nobody’s giving out recording contracts to drag queens ») de surcroît pas toujours d’excellente qualité, et place à deux « Mamas » voluptueuses – et définitivement féminines - qui, de surcroît, une fois qu’elles encadrent Sylvester de part et d’autres, ont tendance à faire oublier la légère prise de poids de la star elle-même… (Sylvester, qui vient de tomber sous le charme de la voix exceptionnelle de Martha Wash, lui demande cash lors de son audition si elle n’a pas une autre « large black friend who could sing like her »)
Je ne sais pas à qui créditer cette géniale
illustration récupérée sur un site visiblement peu intéressé par l’existence des
auteurs et le respect de leur travail : si quelqu’un éclaire ma lanterne, je m’empresserai
de rectifier cette carence. En tout cas, au-delà de son humour et de la qualité à la fois narrative
et picturale, cette image illustre un deuxième sens pour moi : le rapport
de Martha Walsh avec le droit d’auteur, et les hommes qui le détiennent en
particulier. Voilà donc un bout de ses démêlées avec l’histoire de la Dance
Music…
Retournons dans le milieu Gay noir-américain,
quelque part aux alentours de 1976. Le disco déferle. L’album « Step II »
de Sylvester, piloté par les synthétiseurs d’un Cowley très inspiré, dégaine
deux tubes discos interplanétaires dès 78 : "You Make Me Feel (Mighty Real)" https://www.youtube.com/watch?v=bDWSemTCV40 (et oui, c'est lui) et « Dance (Disco Hit) », dont les deux imposantes choristes
font exploser le ratio de funkytude... sans même être créditées. L’association
d’un bon groupe, d’un Sylvester moins caricatural, de ces deux choristes (co-chanteuses ?)
et de Cowley va faire des ravages pendant deux albums et une vingtaine de mois.
Hélas, après quelques errances musicales, Sylvester
et celles que l’on nomme désormais "les Two Tons", non contents de s’être copieusement
fait arnaquer par leur maison de disque, se retrouvent relégués dans la
catégorie du « Disco Sucks » : le mirage vient de tourner au
cauchemar.*
Les Two Tons tentent alors leur propre aventure,
sans jamais laisser tomber Sylvester (avec lequel elles ont noué une amitié qui
ne se trahira pas jusqu’à la mort de ce dernier) : elles connaissent
quelques succès d’estime dans le late-disco, avant qu’un hit gigantesque ne les
fasse exploser : « It’s Raining Men ». Le succès est tel – titre inoxydable qui fait encore les beaux jours des fins de soirées, des
émissions de Patrick Sébastien, des mariages et de tout bon
bal de 14 juillet qui se respecte- que le duo se renomme instantanément, en
lien avec le titre, les « Weather Girls ».
Hélas, en dehors de deux ou trois sous-copies
de ce carton, les Weather Girls ne décolleront pas. Le duo se sépare** et Martha
part de son côté se frotter à deux nouveaux courants qui embrasent les
dance-floors : la House Music, et l’EuroDance.
Elle intègre Black
Box, groupe phare de cette nouvelle scène, et assure la totalité des parties
vocales. Les hits pleuvent : hélas, elle n’est créditée sur aucun d’eux. A
la place, une mannequin française « plus en phase avec l’image du groupe »
bouge les lèvres sur le son de sa voix.
L’affaire se répète mot pour mot (hé hé) avec C+C
Music Factory dont elle chante l’indémodable "Gonna Make You Sweat" https://www.youtube.com/watch?v=j2pPJywRGTk, là encore dans le plus parfait
anonymat, tandis que la sculpturale Zelma Davis se contente de se trémousser en
play-back.
En fait, Matha enregistre, à cette période, quasiment tous les hits
Dance qui inondent les clubs.
Elle attaquera les labels des deux groupes, et
obtiendra gain de cause a posteriori.
Désormais, elle se distingue régulièrement dans les
milieux de la Dance Music, soit sous son nom propre, soit en collaborant avec
les plus grands… et en étant toujours créditée à sa juste valeur.
*Cowley le visionnaire sauvera à nouveau Sylvester en
produisant un album aux accents new-wave dont est extrait le troublant « Do
You Wanna Funk » https://www.youtube.com/watch?v=PeYUTbU_iTw, qui va devenir un des hymnes de la Hi-NRJ. Ce sera l’un
des derniers (vrais) faits d’armes de Sylvester : Cowley meurt du Sida en 1982
pendant la tournée qui suit. Sylvester suivra le même funeste chemin à 41 ans, en 1988, sans avoir véritablement réussi
à inverser la tendance : sa dernière grande apparition TV, lors de l’émission
spéciale Réveillon 1986 du Joan Rivers Late Show, lui vaudra d’être présenté
par Joan Rivers lui-même en tant que… Drag Queen.
**Les Weather Girls, (re)constituées d’Isora Rhodes et
de sa fille, puis finalement de sa fille et de sa cousine, continuent de vivoter
autour de leur ancien(s) hit(s).
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