J’ai passé, à partir de 2007, des nuits épaisses à St Just aux côtés de Dimmu Borgir, Tom Mac Rae, the Rakes, Blonde Redhead, de Buck 65, de Femi Kuti, des Gladiators ou de Lee Scratch Perry et de Jeff Lang. Tous mes après-midi résonnaient des balances de kick, bom, bom, bom, bombombom, le mur derrière mon bureau tremblant comme une condamnation à perpétuité sous les coups de boutoirs des pédales de grosse caisse, jour après jour, Archive, Vive la Fête, Domique A, Bloc Party, Saul Williams, Mass Hysteria, Louise Attaque, les Wraygunn, Rubin Steiner… Je buvais de la bière sans interruption, fumais sans intermittence, ne dormais pas, j’étais aussi heureux que ce que ma femme était lasse et rien n’avait d’importance car j’avais bel et bien réussi à ne pas avoir de métier et à vivre pourtant avec un peu d’argent –jamais vraiment beaucoup - au milieu des autres, mais en ayant échappé aux affres de l’absurdité d’une vie dédiée à un travail humiliant et dépourvu de sens.
A force de courir après une hypothétique avant-garde, je me suis mis, dans une forme de dandysme hédoniste, à rechercher la compagnie de personnes atypiques. Pour autant, le socle janséno-chrétien sur lequel je devais appuyer, malgré tout, cette soif d’expérimentation protestataire m’empêchait de me complaire aux côtés des personnages les plus radicaux que comptait cet univers de bruits, de musiques outrancières, de nuits, de drogues, d’alcool, de bagarres et de trous noirs dans lequel je surnageais ; inévitablement, je ne pouvais m’empêcher de les trouver, pour la plupart d’entre eux, idiotement caricaturaux, souvent en retard d’un train. C’est à peu près à ce moment-là que sans que je ne me rappelle vraiment comment ni à quelle occasion, j’ai noué un vrai contact avec Dominique Viger. Depuis « On Connaît la Chanson », je n’avais gardé de lui qu’un double souvenir : celui d’un musicien au talent complexe mais laxiste que j’avais rangé hâtivement dans la catégorie des « enfants de Zappa », et celui d’un provocateur surprenant dont je n’avais pas pris la peine de décortiquer la démarche. Dès lors que nous nouâmes plus de lien, je fus surpris de découvrir un personnage profondément attachant, détenteur d’une frénésie créatrice impressionnante au cœur de laquelle un talent fondamental se disputait à une culture méticuleuse, le tout perturbé par une exploration appliquée de toutes les dépendances, avec une nette préférence pour les pires. Dominique Viger s’est révélé à moi comme le parangon de l’artiste dans ce qu’il a de plus romantique : révolté, dandy, lumineux, violent, illogique, imprévisible, tâtillon, débordant de vie comme de cynisme... Nous aurons eu l’intense plaisir de porter son régalant duo, « Cap’Tain Carnasse et sa Momie », aux frontières des univers « professionnels » pourtant les moins enclins à l’accueillir, poussant le vice jusqu’à obtenir de substantielles subventions du Ministère de la Culture ayant permis de générer davantage d’un matériau proto-artistique jouissivement contre-culturel. Sans trop de surprise, il me fût impossible de construire véritablement quoi que ce soit de durable à ses côtés, mais ce fût là aussi une façon d’autant plus évidente d’entériner l’incapacité intrinsèque – assumée ou inconsciente – de ce plasticien pornocrate (n’est-il pas ça avant tout, finalement ?) à tout ancrage ou prévisibilité.
A l’opposé, je rencontrai Mathias Berthier et me plongeai délicieusement dans usthiax comme on entre dans un lit aux draps propres.
Entre les deux n’allait pas tarder à émerger Mathieu Poulain, le ô combien charismatique leader des Nation All Dust.
A force de courir après une hypothétique avant-garde, je me suis mis, dans une forme de dandysme hédoniste, à rechercher la compagnie de personnes atypiques. Pour autant, le socle janséno-chrétien sur lequel je devais appuyer, malgré tout, cette soif d’expérimentation protestataire m’empêchait de me complaire aux côtés des personnages les plus radicaux que comptait cet univers de bruits, de musiques outrancières, de nuits, de drogues, d’alcool, de bagarres et de trous noirs dans lequel je surnageais ; inévitablement, je ne pouvais m’empêcher de les trouver, pour la plupart d’entre eux, idiotement caricaturaux, souvent en retard d’un train. C’est à peu près à ce moment-là que sans que je ne me rappelle vraiment comment ni à quelle occasion, j’ai noué un vrai contact avec Dominique Viger. Depuis « On Connaît la Chanson », je n’avais gardé de lui qu’un double souvenir : celui d’un musicien au talent complexe mais laxiste que j’avais rangé hâtivement dans la catégorie des « enfants de Zappa », et celui d’un provocateur surprenant dont je n’avais pas pris la peine de décortiquer la démarche. Dès lors que nous nouâmes plus de lien, je fus surpris de découvrir un personnage profondément attachant, détenteur d’une frénésie créatrice impressionnante au cœur de laquelle un talent fondamental se disputait à une culture méticuleuse, le tout perturbé par une exploration appliquée de toutes les dépendances, avec une nette préférence pour les pires. Dominique Viger s’est révélé à moi comme le parangon de l’artiste dans ce qu’il a de plus romantique : révolté, dandy, lumineux, violent, illogique, imprévisible, tâtillon, débordant de vie comme de cynisme... Nous aurons eu l’intense plaisir de porter son régalant duo, « Cap’Tain Carnasse et sa Momie », aux frontières des univers « professionnels » pourtant les moins enclins à l’accueillir, poussant le vice jusqu’à obtenir de substantielles subventions du Ministère de la Culture ayant permis de générer davantage d’un matériau proto-artistique jouissivement contre-culturel. Sans trop de surprise, il me fût impossible de construire véritablement quoi que ce soit de durable à ses côtés, mais ce fût là aussi une façon d’autant plus évidente d’entériner l’incapacité intrinsèque – assumée ou inconsciente – de ce plasticien pornocrate (n’est-il pas ça avant tout, finalement ?) à tout ancrage ou prévisibilité.
A l’opposé, je rencontrai Mathias Berthier et me plongeai délicieusement dans usthiax comme on entre dans un lit aux draps propres.
Entre les deux n’allait pas tarder à émerger Mathieu Poulain, le ô combien charismatique leader des Nation All Dust.
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