lundi 26 mars 2012
Les raisins de la matière
jeudi 22 mars 2012
lundi 19 mars 2012
"Une vie sportive est une vie héroïque à vide" (Jean Giraudoux)
jeudi 15 mars 2012
Minéral, argentique, numérique.
1/ Puissant château Cathare du bas moyen âge, Castelnaud, immédiatement après son édification, est soumis aux attaques de Simon de Montford qui s’en empare en 1214. Repris par le Seigneur Bernard de Casnac dès l’année suivante, il est brûlé l’année d’après sur les ordres de l’Archevêque de Bordeaux. La forteresse est reconstruite dans le siècle, juste à temps pour être plongée au cœur de la guerre de Cent ans : à partir de 1337, le château, alors aux mains du Seigneur de Caumont rallié aux Anglois, change sept fois de camp avant que Charles VII ne s’en empare en 1442 après trois semaines de siège. La guerre finie, les Caumont en reprennent possession et en feront l’une des plus puissantes places fortes de la religion Réformiste que personne n’osera attaquer durant la totalité des guerres de religion qui secoueront la France les siècles suivants. Comme beaucoup d’autres châteaux, Castelnaud tombera en ruine sous la Révolution avant d’être classé et réhabilité en 1966.
2/ Prieuré de Salagon - Mane - Alpes de Haute Provence : l’histoire du monument révèle une continuité étonnante d'occupation, de l'époque gallo-romaine à la christianisation du site dès l'Antiquité tardive. Ce n'est qu'à la fin du XIe ou au tout début du XIIe siècle que les bénédictins de l'abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon prendront en charge le domaine ; du prieuré médiéval subsistent essentiellement l'église du XIIe siècle, l'ensemble s'organisant, vers l'est et le sud, autour de deux cours "caladées" - cours du logis et basse-cour - fermées par de hautes murailles. Reconstruite dans le dernier quart du XIIe siècle à partir d'une église du XIe siècle (chœur), l'église comporte un portail occidental à triple voussure et des panneaux finement décorés qui soulignent les impostes de son archivolte. Le logis attenant au sud de l'église est une belle construction gothique (fin XVe siècle) qui se superpose à une vaste salle voûtée et à une tour romanes (XIIIe siècle) et qui comporte en particulier, à l'étage noble, une série de quatre salles en enfilade, desservies à l'est par une tourelle d'escalier en vis et des coursives et éclairées à l'ouest et au sud par de remarquables baies à traverses ou à meneaux et croisillons.


4/ Village de Lurs - Alpes de Haute Provence
samedi 10 mars 2012
My kingdom for a horse !

lundi 5 mars 2012
Shoegazian Russia

"15 février 1917 :
(...) Notre officier de santé ne me plaît pas. Il n'est pas aimable, tandis qu'Anna Kirillovna est une personne gentille et cultivée. Je m'étonne qu'une femme encore jeune puisse vivre parfaitement seule dans ce tombeau enneigé. Son mari est prisonnier en Allemagne.
Je ne peux m'empêcher de faire mes compliments à celui qui, le premier, a extrait de la morphine d'une tête de pavot. Un authentique bienfaiteur de l'humanité. Sept minutes après la piqûre, la douleur avait cessé. Intéressant : les douleurs se succédaient sans la moindre interruption si bien que j'étouffais positivement, exactement comme si on m'avait enfoncé une pince chauffée à blanc dans le ventre et qu'on avait fourragé. Quatre minutes après la piqûre, je pouvais distinguer les creux et les vagues de douleur.
Il serait excellent que tout médecin ait la possibilité d'expérimenter un grand nombre de médicaments sur lui-même. Sa compréhension de leurs effets en serait tout autre. Après la piqûre, pour la première fois depuis ces derniers mois, j'ai bien dormi, profondément, sans penser à elle, à celle qui m'a trahi."

"19 mars.
Cette nuit, je me suis disputé avec Anna K.
"Dorénavant je ne vous la préparerai plus."
J'ai entrepris de la raisonner :
"Des bêtises, Annoussia. Qu'est-ce que je suis, un petit enfant, ou quoi ?
- Je ne le ferai plus. Vous allez en mourir.
- Bon, comme vous voulez. Comprenez, j'ai mal dans la poitrine !
- Soignez-vous.
- Où ça ?
- Partez en congé. On ne se soigne pas avec de la morphine. Puis après être resté un instant à réfléchir elle a ajouté : Je ne peux me pardonner de vous avoir alors préparé un deuxième flacon.
- Donc comme ça, je suis morphinomane, c'est ça ?
- Parfaitement, vous êtes en train de le devenir.
- Ainsi donc vous n'irez pas faire la préparation.
- Non."
Là pour la première fois j'ai découvert en moi la capacité déplaisante de me mettre en fureur et surtout de crier après les gens lorsque j'ai tort.
En fait, cela n'a pas été immédiat. Je suis allé dans la chambre à coucher. J'ai jeté un coup d'oeil. Il restait un petit peu de liquide qui bougeait au fond du flacon. Je l'ai aspiré dans la seringue - un quart à peine. J'ai jeté par terre la seringue, il s'en est fallu de peu qu'elle ne se casse et j'ai été pris de tremblements. Je l'ai ramassée avec précaution, je l'ai examinée, pas la moindre fêlure. Je suis resté assis dans la chambre près de vingt minutes. Je suis sorti, elle n'était pas là.
Elle était partie."

"19 novembre.
Vomissements. C'est mauvais.
Ma conversation nocturne avec Anna le 21.
Anna. - L'officier de santé est au courant.
Moi. - Vraiment ? Tant pis. Aucune importance.
Anna. - Si tu ne pars pas d'ici pour aller à la ville, je me pends. Tu entends ? Regarde tes mains, regarde-les.
Moi. - Elles tremblent un peu. Cela ne m'empêche en rien de travailler.
Anna. - Mais regarde-les, elles seont transparentes, voyons. La peau sur les os... Regarde un peu ton visage... Ecoute, Sérioja, pars, je t'en conjure, va-t-en...
Moi. - Et toi ?
Anna. - Pars. Pars. Tu es en train de te tuer.
Moi. - Comme tu y vas, dis. Mais c'est vrai que je ne comprends pas moi-même pourquoi je me suis si vite affaibli ? Car cela ne fait même pas un an que je suis malade. Apparemment, c'est affaire de constitution.
Anna. (triste) - Qu'est-ce qui pourrait te ramener à la vie ? Peut-être ton Amnéris, ta femme ?
Moi. - Oh, non. Tranquilise-toi. Merci à la morphine qui m'en a délivrée. A sa place, j'ai la morphine.
Anna. - Ah mon Dieu... Que puis-je faire ?
Je pensais que les femmes comme cette Anna n'existaient que dans les romans. Et si je guéris un jour, j'unirai à jamais ma destinée à la sienne. Puisse-t-il ne pas revenir d'Allemagne, l'autre."
"Morfü" ("Morphine"), de Mikhaïl Boulgakov, l'auteur du "Maître et Marguerite", paraît pour la première fois sous forme de roman avec pour titre "La Maladie" en 1921; Boulgakov récupèrera le manuscrit pour le détruire avant de le refaire paraître en 1927 sous une forme définitive bien plus courte dans laquelle il raconte, via le déroulé d'un journal intime, la progressive intoxication par la morphine d'un médecin de campagne qui finit par se suicider.
"Psychocandy" est un album du groupe "The Jesus and Mary Chain" paru en 1985
"The Serpent's Egg" est un album du groupe "Dead Can Dance" paru en 1988.
"Loveless" est un album du groupe "My Bloody Valentine" paru en 1991