mercredi 19 octobre 2011

"Imite le moins possible les hommes dans leur énigmatique maladie de faire des nœuds." (17/20)

Nous voilà au dix-septième poème de cette série de 20.


René Char ? Un colosse impulsif d’1m92, ami d’Eluard, d’Aragon et d'André Breton avec lequel il aime faire le coup de poing (lors du saccage ayant suivi l'inauguration du bar "Maldoror" en 1930, Char recevra un vilain coup de couteau à l'aine), surréaliste passionné, collaborateur de Dali et de Bunuel, il devient le « Capitaine Alexandre » durant la guerre en prenant le commandement de grandes actions de résistance, puis s’éloigne très rapidement des mouvements résistants d’après-guerre tout en nouant une amitié indéfectible avec Albert Camus. Après avoir donné naissance, avec Christian Zervos, au Festival d’Avignon en 1947, il accouche encore de nombreux recueils avant de finir sa vie de façon résolument solitaire.
Allégeance est issu de son dernier recueil, édité l’année de sa mort (1988) à 81 ans.

Dans les rues de la ville il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards.
L'espace qu'il parcourt est ma fidélité.
Il dessine l'espoir et léger l'éconduit.
Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse.
A son insu, ma solitude est son trésor.
Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire