mardi 4 octobre 2011

Onze est le premier nombre à dépasser la mesure de nos dix doigts... (11/20)

Voici le onzième poème de cette série de 20.

Celui-là sera tout en prose, et emprunté à Georges-Louis Godeau. Le brillant linguiste et sémiologue Georges Mounin dira de ce poète anobli par la rue aux côtés de Prévert ou d’Aragon dans sa capacité à parler du peuple tout en faisant en sorte que le peuple lui-même s’y reconnaisse et s’y apprécie : « Godeau fait tenir en 8 ou 10 lignes ineffables ce que les analystes chevronnés de "L'Express", de "L'Observateur" ou du "Monde" n'atteignent, et pas toujours, qu'en 3 ou 4 colonnes... S'il avait été grand Reporter, il serait mondialement connu... ».

Délectons-nous de « Les gens » :


Ils sont assis sur leur chaise, ils ont des jumelles puissantes pour voir à travers les murs et ils te suivent, ils protestent, ils disent que tu es Satan et que si ils te prennent ils te pendent. Et quand tu reviens, que tu entres en costume clair, ta mèche brune comme un cowboy, un artiste ou un chef d’Etat, ils se serrent, ils se taisent et si tu t’étonnes ils froufroutent, ils s’éloignent.

Ce sont des êtres inoffensifs qu’il convient sans plus de tenir en respect et même parfois, si le cœur t’en dit, quand la vie devient généreuse, tu sais bien, mon frère, les soirs de fête, d’aimer malgré eux, le temps de les surprendre.

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