lundi 3 octobre 2011

A Mathias de Banon (10/20)

Voici le dixième poème de cette série de 20. Il en est, en quelque sorte, le tournant. Nous le laisserons donc à un personnage ambigu, en la personne de François Maynard : l’homme est d’une part un avocat parisianiste doublé d’un homme d’Etat intégrant, dès son apparition, l’Académie Française inaugurée au XVII ème, et fervent disciple de Malherbe ; mais plus profondément, le poète est attaché à sa singularité comme à sa terre d’Aurillac, et les fausses promesses du pouvoir le poussent à cultiver une sincérité de sentiment et un sens de l’humain qui s’expriment tantôt dans un lyrisme exalté, tantôt dans un réalisme terrien pur et touchant. Ce poème retrace toute cette dualité, et évoque le choix final de l'Académicien, à la mort de Richelieu, de s’établir à Saint Céré, dans le Lot, où il reçoit la visite de nombreux jeunes poètes parmi lesquels un certain Jean de la Fontaine. Même le cynique Voltaire, peu enclin à l’éloge, dira de lui : « On peut le compter parmi ceux qui ont annoncé le siècle de Louis XIV ; il reste de lui un assez grand nombre de vers heureux. » Dont acte :

Adieu, Paris, adieu pour la dernière fois.
Je suis las d’encenser l’Autel de la fortune,
Et brûle de revoir mes rochers et mes bois,
Où tout me satisfait, et rien ne m’importune.

Je n’y suis pas touché de l’amour des Trésors.
Je n’y demande pas d’augmenter mon partage.
Le bien qui m’est venu des Pères dont je sors,
Est petit pour la Cour, mais grand pour le Village.

Depuis que je connais que le siècle est gâté,
Et que le haut mérité est souvent maltraité,
Je ne trouve ma paix que dans ma solitude.

Les heures de ma vie y sont toutes à moi.
Qu’il est doux d’être libre, et que la servitude
Est honteuse à celui qui peut être son Roi !

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