samedi 12 juin 2010

Elévation collective

« Retrouvée vivante sur le toit du métro à Lyon »
« Une jeune femme de 19 ans a été retrouvée inconsciente dans la nuit de samedi à dimanche, sur le toit du métro à Lyon, alors que sa tête avait percuté une caméra de vidéosurveillance. Un voyageur aurait aperçu son bras qui pendait du toit de la rame. Grièvement blessée, elle a été transportée à l’hôpital. Elle avait de l’alcool dans le sang. Selon une source policière, « elle a été scalpée » mais ses jours ne sont pas en danger. Les enquêteurs ignorent comment la jeune fille s’est retrouvée sur le toit ».

Rythmé, stylé, mystérieux, racoleur, glauque, inutile et totalement vide de toute information : exemple parfait du contenu quotidien ce nouvel opium de masse aliénant et individualiste qu’est la nouvelle presse gratuite, laissée en volontaire pâture aux voyageurs dépressifs pour être ingurgitée le temps d’un trajet de métro avant d’être abandonnée sur un siège plastique à l’attention d’un nouveau cancrelat lambda, jusqu’au soir venu où l’exemplaire du jour devra immuablement céder sa place à la nouvelle édition du lendemain, dans la quelle on pourra lire :

« La plus vieille chaussure du monde a 5.500 ans »
« Des archéologues irlandais ont annoncé hier avoir découvert la plus ancienne chaussure du monde dans une grotte en Arménie. Elle remonterait à 5.500 ans. Qualifiée par les scientifiques de « mocassin », cette chaussure en cuir de taille 37 est dans un très bon état de conservation. Les chercheurs ont otutefois avoué ne pas savoir si elle appartenait à un homme ou une femme. »

vendredi 11 juin 2010

Parce qu'un blog sans liste hédoniste ce serait trop chouette...


AEROSMITH - Toys In the Attic


JEAN LUIS MURAT - Lilith


DAVID BOWIE - Hours


BUCK 65 - Honky Tonky Blues


ALAIN BASHUNG - Bleu Pétrole

Mon pathétique quart d'heure "Damien Saez"

Quelle confusion face à ce monde absurde… Si la vie elle-même est un non-sens, qu’il faille de surcroît accepter de livrer à nos propres enfants ce dramatique héritage du nœud gordien d’une quête de sens sans Graal aucun, ce que font les hommes modernes entre eux est encore plus incompréhensible : je regarde, vidé de substance devant mon écran de télé, de petits guerriers pervers, rouages d’une machine infecte, dénoncer leur auto-système à coup de preuves flagrantes aux gens qui ont à le subir.
Bien au-delà des ravages de ces mondes cloisonnés laissés à ceux sur le dos desquels nous avons bâti nos temples, et dont il nous faut désormais nous abreuver par repentir, là, à quelques encablures à peine, le paradoxe de notre propre monde est exponentiel, alimentant sa propre folie : à la table de mon inscription dans cette société déclinante, des choses révoltantes sont mixées devant moi dans la purée qu’il me faut avaler, et je m’en indigne dans une légitimité qui semble soudain m’avoir été soufflée : des dizaines d’émissions se gargarisent de l’extrême servilité de notre soumission : salaires exorbitants d’élus aux fonctions incompréhensibles et cumulées, retraites dorées, dépenses inacceptables et mégalomaniaques, profits immondes, clanismes abrutissants et exclusifs, petits et grands opportunismes, empoisonnements organisés, la liste se déroule devant moi, fracassant tout embryon de morale sans le moindre signe de raison, dans les grandes longueurs, avec force détails, sur les media les plus institutionnels, à des heures où la certitude d’une audience record est acquise…
Réfléchissons : on me donne à visionner, adoubé, avalisé, un mille feuille d’abominations voisines. Qu’attend-on de moi ? Les humains mes compatriotes, responsables de ce machiavélisme, me donnent d’eux-mêmes à voir l’étendue de leur ignominie : pour quelle diable de raison ? Pour que je m’en indigne dans cette humiliation terrible où, secoué par ce monceau d’injustice et sidéré par la dimension du toupet consistant à mettre en œuvre des moyens titanesques pour me révéler au grand jour, dans une mise en scène ignoble, le viol de leurs inavouables secrets, je regarde ébahi, comme tant d’autres, un processus fou dégueulé dans mon salon, qui projette sans plus aucune pudeur l’étendue d’une infinie cruauté.
Je me sens alors étouffé, meurtri, et là où seule la condamnation d’exister m’avait parue jusqu’alors la plus terrible des sentences, voilà qu’une nouvelle peine émerge : il me faut regarder les maîtres d’un jeu dans lequel je me suis jeté se railler de l’effondrement de mon amour-propre au point de me jeter à la face avec détermination la terrible vision de leur impunité.
Nous sommes d’abominables créatures : moi parce que j’ai oublié de quelle façon l’on se révolte, eux parce qu’ils crèvent d'envie que je retrouve la mémoire.
Là où ils exigent une limite à mon acceptation, démultipliant les témoignages de leur démesure dans une folie perverse en quête d'un souffle mutin, moi j’avale mon vomi, écœuré de ma propre léthargie.
Et des milliers de rats déambulent régulièrement dans mes rues en brandissant de ridicules pancartes, branlant la bite turgescente de leurs bourreaux jusqu'à l'éjaculat.