dimanche 29 septembre 2013

"La barbarie plutôt que l'ennui."


Je ne veux plus être cultivé. Tout m’emmerde. Je veux pouvoir continuer à lire des livres après avoir déambulé au milieu de rayonnages minables au lieu de me retrouver à compiler en catimini des listes d’incontournables livres à lire prescrits par d’incontournables écrivains de beaux livres que j’ai lu, que je ne parviens jamais ni à honorer, ni à aimer. Je n’éprouve aucun plaisir à discuter littérature avec un libraire et je bénis ce temps moribond des temples culturels décriés où les livres sont en libre service sur des linéaires interminables rangés par ordre alphabétique. Libre service. N’aller solliciter un interlocuteur que pour situer la bonne rangée, au bon étage. Le remercier et le regarder repartir et attendre qu’il ait tourné dans un autre rayonnage pour prendre le livre qu’il nous a indiqué, parce que c’est dérangeant de choisir un livre qui a été recommandé par un fantôme cafardeux.

vendredi 27 septembre 2013

"Et encore merci d'être passé..."

"Y a plus personne, la nappe en papier est toute déchirée

Des couteaux en plastique sur des assiettes en carton.
La meringue s’enfonce dans la glace à la fraise,
Qui fond comme un château de sable sur la plage.

samedi 21 septembre 2013

Champomy fury.

La Petite M a quatre ans ce soir. C'est la fête.

Profiter de l'argument facile de l'été pour glisser une doléance...

Des jeunes filles passent à cheval sur une place pavée dans un vacarme de fer, revêtues de pantalons sales et de t-shirt délavés, avant de repasser dans l’autre sens quelques heures plus tard pédalant en sandales sur une bicyclette véloce vers une quelconque bâtisse de bord de route. D’indésirables étrangers prennent pour toujours la même photo du clocher local après avoir débouché de la même volée d’escalier, avant de déambuler en famille dans les ruelles à la recherche du même unique café qui permettra de tuer un temps suspendu sans mettre à mal leurs réserves financières rangées dans l’inesthétique sacoche d’un été trop prévisible. De vieux hippies aux airs d’habitués croisent d’un pas alerte de jeunes hippies farouches assis à même le sol qui ne voudront pas les saluer.

Appel surtaxé

En 2009, l’Amérique a eu son 11 septembre, La Petite M son 21.
Ce Samedi 21 septembre, la Petite M aura 4 ans. J’ai jeté moi-même sur mon édifice tant d’avions de ligne détournés remplis de femmes, d’enfants et de types qui n’avaient rien demandé que je ne parviens plus davantage à comptabiliser le nom des victimes . Ce que cela représente. J’imagine loin en bas le sol de la Petite M jonché de gravas et de cendres parmi lesquelles il n’est plus davantage possible de distinguer un ossement d’un bout de ferraille tordu. Je suis le Ben Laden de mon propre building mais aussi le parent proche de toutes mes victimes.

jeudi 19 septembre 2013

Loser à rabats avec élastique.

Il a pris la peine de s’asseoir parce qu’avec le sommeil qui continuait à l’engourdir comme s’il ne s’était même pas levé, il aurait été à peu près sûr d’en foutre partout. C’est comme ça le matin avec cette érection stupide, faut faire gaffe. Sauf qu’à peine installé, voilà qu’est survenue cette quinte de toux terrible et que sa bite s’est mise à tressauter en rythme à l’intérieur de la cuvette si bien qu’il s’est retrouvé, malgré sa précaution initiale, avec le mollet gauche et le dos de son slip remplis de pisse. Ca l’a mis dans une colère roide, il s’est épongé comme il a pu avec des gestes empêtrés dans l’espace exigu des toilettes dans lequel rien n’est vraiment possible, avant de devoir filer directement sous la douche alors qu’il comptait bien se faire couler un café avant, histoire d’essayer de balayer cet engourdissement têtu qui semblait bien décidé à ne pas se laisser chasser comme ça. L’eau chaude n’a pas réussi à le réveiller si bien qu’il est sorti de la salle de bain certes propre, mais le visage encore rudement marqué par un sommeil trop court. Ses yeux continuaient obstinément à ressembler à deux figues tombées d’une branche et sa peau refusait de se détendre, elle restait raide comme les feuilles de papier sulfurisé qui entourent les rouleaux de pâte à tarte industriels. Impossible de s’endormir, hier soir, à l’heure qu’il s’était fixé. Les habitudes ne se chamboulent pas comme ça du jour au lendemain, même si l’on doit exceptionnellement se lever tôt. C’est donc maintenant qu’il paye, et la note est salée. Le café a du mal à passer parce que tout son être réclame d’être ailleurs, de ne rien avoir à ingurgiter, de n’avoir aucun effort particulier à fournir. Etre ailleurs, et y être allongé. Il a du regarder l’heure au moins six fois depuis qu’il est sorti de la douche. Il se sent mal dans ce jean propre, le survêtement est quand même bien plus confortable, quoi qu’on dise de son côté négligé. Pourquoi ne pourrait-on pas aller à des rendez-vous à la con en survêt, après tout ? Sur le coup il était d’accord avec elle, il se sentait confiant, décidé, positif, mais maintenant qu’il est debout, il regrette. Il laisse son petit-déjeuner à moitié consommé sur la table de la cuisine, récupère les deux feuillets imprimés dans un tiroir à moitié ouvert et les glisse à l’intérieur de la pochette à rabats orange qu’elle lui a laissé en évidence, non sans avoir bataillé à deux reprises pour que les coins ne se retournent pas sur eux-mêmes. Putain de saloperie de papelards. Tout ça va servir à rien en plus, c’est toujours comme ça. Il repasse devant le lavabo de la salle de bain, se rase trop vite pour que le résultat soit probant mais l’heure avance, le goût du dentifrice par-dessus celui du café fait un mélange déguelasse, il s’asperge d’eau de toilette de marque, un peu trop, et part vers le placard à chaussures. Après une brève hésitation il enfile sa paire de baskets, après tout elles sont encore assez propres et il doit marcher un peu pour y aller, autant être à l’aise. Finalement, c’est avec la veste de son survêt qu’il sort sur le trottoir, le visage récalcitrant. En quelques mètres à peine, la pochette orange a déjà changé de main trois fois, et autant de sens. Il se sent embarrassé, c’est con c’est juste une pochette de merde, mais on sait pas comment tenir ce truc. Il réalise qu’il oublié de prendre un stylo et une feuille comme elle le lui avait conseillé. Elle lui avait proposé de les lui préparer et de les mettre à côté de la pochette mais il l’avait rembarrée en lui disant que c’était plus un mioche non plus, et voilà le résultat. Des fois, il se trouvait vraiment merdique; le matin lui sautait à la figure comme une chose, sa lumière, ses odeurs, cette énergie mauvaise qui flottait dans l’air et tout autour de lui, tous ces gens qui allaient vite, qui avaient l’air bien réveillés, comme si tout était normal. Il se sentait comme un étranger dans une ville étrangère, trop de regards pesaient sur lui. Il faudrait parler, en plus. Essayer d’avoir l’air en forme, dire des choses intelligentes, trouver les bons mots, sourire. S’en tirer avec un peu de charme, pourquoi pas. Pas se faire baiser, en tout cas, avec un truc de stage ou une espèce de formation à la con. Il fallait qu’il reparte tranquille, sans emmerde, et que le fric continue à tomber. Merde, c’est pas pour ce qu’ils lui donnaient…  Tandis que la pochette continuait à lui poser des problèmes, il a remarqué qu’ils avaient tous des sacs. Il était le seul con à trimballer sa pochette à la main, comme ça.  Pourtant, ceux qui bossent, ils en ont tout le temps de ce genre de pochettes, mais eux, ils les foutent dans un sac. Forcément, ils ont l’air moins con. En tout cas, on voit pas qu’ils sont au chômdu. Avec sa pochette orange sur les genoux, assis là sur sa banquette de métro avec la gueule frippée, c’est comme s’il s’était foutu lui-même une pancarte sur le front avec écrit : j’ai une putain de convocation à Pôle Emploi. Il a soudain regretté de ne pas avoir mis son blouson, il aurait eu l’air moins naze. Putain, cette pochette avec ses deux élastiques à la con en travers, c’est une vraie pancarte à loser.
Ca a été pire quand il s’est approché de l’entrée de l’immeuble et que soudain, il s’est retrouvé à presser le pas en même temps que d’autres types qui avaient tous une pochette dans la main exactement comme lui, avec rien d’autre, sans sac en bandoulière pour la foutre dedans ; et on voyait bien l’espèce d’effort minable qu’ils avaient fait pour pas venir habillés comme d’hab, et ils avaient tous l’air terriblement merdeux, y’en avaient même qui s’étaient pas rasés alors il a passé brièvement l’intérieur de sa main sur ses joues. C’était rêche et tous ces types avaient des gueules de déterrés alors il a encore davantage détesté être là. Sur sa pochette qu’il a encore changée de main une marque de doigts était maintenant visible, une sorte de tâche en creux plus sombre et quand il s’est retrouvé sur sa chaise avec son ticket numéro cent soixante trois, la pochette pendue entre ses jambes tanguant contre sa cuisse qui s’était mise compulsivement à battre une mesure frénétique, il a su qu’il allait écoper d’un stage.

mardi 3 septembre 2013

Tortilla Flat.

La plupart d’entre nous profite de l’été pour lire.
C’est les vacances.
L’esprit est reposé, le temps s’écoule autrement, on peut tourner des pages dans la chaleur du début des après-midi.
Moi, je n’ai pas ouvert un livre de tout l’été. Je ne sais pas si c’est une coïncidence, mais ma femme s’est plaint de ce que nous n’avions pas fait une seule photo non plus.
Forcément, quand j’ai fini par en ouvrir un sitôt que les vacances ont été déclarées achevées, j’ai fondu aussi sûrement qu’un carré de beurre jeté au fond d’une cocotte. Il faut dire que je venais d’ouvrir quelque chose.

lundi 2 septembre 2013

L'étymologie ? Le casier judiciaire des mots... (R. Topor)

- Tu le savais toi, que le mot « travail », ça vient d’un d’instrument romain fabriqué avec trois pieux attachés en triangle, qui servait à mater les esclaves ?
- C’est pas ce truc avec trois trous là, où tu rentres les mains de chaque côté et la tête au milieu et après tu refermes, et le type il reste là avec les mains et la tête qui dépasse ?
- Non, c’est le Pilori, ça. C’est vachement plus tard…
- Ah ouais, le Pilori : le type, ils le baladent partout comme ça en ville, et tout le monde lui crache dessus…
- Non, ça c’est le Carcan. Le Pilori, ça reste sur place, c’est monté sur un châssis. Bon, le principe reste pareil, le but c’est de mettre le type là en plein milieu de la place du village et tout le monde vient se foutre de sa gueule, l’insulter, lui cracher dessus ou lui tirer des trucs pourris, je crois même qu’ils lui tapaient sur les mains pour lui faire bien mal… Du coup, le Carcan, je crois que ça date d’il y a longtemps aussi, en fait… Ce qui est drôle, c’est que c’est comme pour ce truc dont je te parle, le Tripalium.