vendredi 23 novembre 2018

Hallelujah !

On entend souvent bien davantage les voix de Martha Wash et d’Isora Rhodes que celle – au demeurant incroyable – de feu Sylvester, légèrement sous-mixée à la fois sur scène et sur disque,dans les incroyables productions que Patrick Cowley va bidouiller pour l’ultra-icône Drag du San Francisco des 80’s : les deux divas, choisies pour trois raisons,  y bombardent leur gospel-funk dans un quasi-anonymat. 
La première de ces raisons c’est leur voix, évidemment. Mais leur physique comptera aussi pour beaucoup : la nouvelle manager cherche à gommer l’étiquette ouvertement « queen » de la pop-star gay (dont le Bowie ultra-androgyne de la fin des 70’s aura fini par dire, vaguement écœuré : « San Francisco n’a pas besoin de moi : ils ont Sylvester »).

mercredi 21 novembre 2018

Le petit coin (de page)

Tous les mardis j’écris une chronique dans un célèbre magazine. Généralement je m’y attèle le lundi matin, au moment où le fleuve de voitures redémarrées après le week-end se déverse par à-coups dans la rue d’en bas, au rythme du feu de circulation et du nombre de camionnettes garées en double file : si je veux saisir une chance de rendre quelque chose d’à peu près viable pour la fin de journée (dernier délai : 16h00) je dois m’y mettre tôt, j’ai rarement quelque chose d’intelligent à dire sur commande. Au mieux, je rebondis sur un sujet quelconque (j’ai quasi carte blanche), au pire, je  m’en tire avec une moue et quelques tours de passe-passe littéraires.

vendredi 9 novembre 2018

InBox

Le mail avait remplacé la lettre aussi facilement que s’il s’était agi d’une évidence. Un darwinisme épistolaire, en quelque sorte. Le facteur passait toujours (un facteur syndiqué systématiquement jeune, à l’uniforme optimisé, vidé des derniers atours qui lui donnaient encore, deux décennies plus tôt, quelque poésie comme cette très officielle casquette anguleuse désintégrée au profit d’un chariot complexe à quatre roues et d’un gilet multi-poches) mais c’était uniquement, et définitivement, pour ne plus déverser, dans l’agacement d’une tournée dictée par les quotas et l’optimisation horaire, que les quelques feuillets survivant pour de derniers instants à la lente (mais inexorable) numérisation des administrations : factures, rappels, relances et avis d’échéance.