lundi 23 février 2015

Si tu reviens, comme je l'espère...


Il a la beauté grave d’un Cassius Clay propulsé dans un film de Tarentino, costume Mao noir tiré à quatre épingles ; mais quand il se met à parler, juché sur un tabouret dans le faisceau d’un unique projecteur, on lui trouve la douceur et l’humanité d’un Patrick Chamoiseau. Elle a l’assurance fauve d’une Joan Jett propulsée dans Thelma et Louise ; mais quand elle s’avance devant l’écran sur-éclairé, on lui trouve l’évanescence et la légèreté d’une princesse de Saba. Il a la discrétion d’un Salary Man propulsé dans un rêve de Murakami ; mais quand il traverse le sol pelliculé obsédé par la quête de ce qui lui échappe, on lui trouve la lumière du feu et la force du bois. Elle a la discrétion inquiète d’un caméléon propulsé dans un décor inconnu ; mais quand elle lance cet appel à d’invisibles dieux sanglée dans une robe d’ombre, on lui trouve le charme obsédant des mythes de l’ancienne ère. Tous les quatre dansent le bal de l’éternelle malédiction, tour à tour soudés dans l’oblique de mêmes trajectoires d’équilibres suspendus, ou divisés dans de frissonnantes solitudes tantôt résignées de chagrin, tantôt révoltées de passions contradictoires.

mardi 10 février 2015

Of course Mama's gonna help build the wall

Dans les livres que je lis, des kamikazes de factions rivales se font exploser en plein milieu des foules, par haine et par désespoir. Dans les livres que je lis, respirer est devenu dangereux selon les heures du jour ou des conditions météorologiques. Dans les livres que je lis, des satellites en orbite peuvent, en tournant sur eux-mêmes grâce à des salles de commande enfouies, repérer la position d’un individu n’importe où sur la surface du globe ; dans les livres que je lis, des avions peuvent voler sans pilote et larguer des bombes sur un point précis. Dans les livres que je lis, on peut se faire remplacer des membres ou des organes par des machines, se faire implanter des puces électroniques sous la peau ou modifier son corps en augmentant ou réduisant son volume. Dans les livres que je lis, deux camps s’affrontent, celui où l’on meurt de trop manger, et celui où l’on meurt de faim. Dans les livres que je lis, on enfante et procrée sans plus de rapport sexuel. Dans les livres que je lis, on peut se parler et se voir instantanément depuis n’importe quel point du globe.

vendredi 6 février 2015

J'aime penser à une forêt cybernétique...





En 1967, alors que Serge Papert invente le langage "Logo" - à bien des égards, un langage informatique surpassant déjà les "Basic" qui émergeront dans les années 80 jusqu'à demeurer aujourd'hui encore la base sur laquelle s'appuient de nombreuses recherches en Intelligence Artificielle - Richard Brautigan livre cette Ode visionnaire intitulée : "Sous la surveillance bienveillante des machines."