Le rêve américain, par ici, on n’y a jamais rien compris: la France rock
ne s’est jamais remise de son syndrome 60’s post-G.I si bien résumé par Lucien,
le débonnaire héros banané de Margerin, quand seul Kebra, l’antihéros cradingue
ultraviolent de Tramber et Jano reflétait, lui, vraiment, ce qu’était la
réalité de « notre Amérique à nous », celle (déjà) des banlieues
merdiques, des allumeuses camées en mini-jupes et des squats jonchés de mégots ;
et voilà qu’entre deux hordes de fans obsessionnels du Dieu-homme-loup
récemment décédé qui paradent sur les Champs-Elysées cramponnés aux franges d’un guidon
de Harley achetée en concessionnaire Yamaha comme si l’Equipée Sauvage était née
à Marvejols, on se re-tarte nos vieux pastiches rock’n roll, le trublion Julien
Doré réhabilitant Dick Rivers en tête d’une escouade bobo avide de (faux) loosers
tandis que la désespérante cohorte d’affreux chanteurs de l’écurie TF1 fait la
queue pour pousser la chansonnette avec papy Schmoll avant que celui-là n’arrive
plus à se teindre la rouflaquette tout seul.