mercredi 20 mai 2015

Le lai de l'alliée

Ma bite a la même couleur que mes doigts
C’est déroutant
Sortie de son étui dans la grâce d’un chat
Couleur coquelicot
Humant l’atmosphère
Son évent solitaire évasé vers les terres
Cherche
Le mystérieux chemin de la mer
Comme un roseau
Intelligent
Ma bite a la même couleur que mes doigts
C’est déroutant
Rentrée dans sa coquille en chair de testicule
Couleur frigo
Refusant les enfers
Du froid mordant de l’océan polaire
Resserre
Un col fragile en peau d’éphémère
Dans un étau
Attendrissant
Ma bite a la même couleur que mes doigts
C’est déroutant
Pendue à mes organes, dodelinant
Complice
Gonflant les joues
L’embout capricieux dirigé loin des vents
Explore
L’alentour étonnant de placards silencieux
Quand je pisse
Tintinnabulant
Ma bite a la même couleur que mes doigts
C’est déroutant


lundi 11 mai 2015

Baume au coeur...


"Ce qui la caractérise cette montagne, c'est l'impression qui s'en dégage lorsque l'on se retrouve au cœur de la forêt sacrée qui s'étend à ses pieds : depuis la nuit des temps, ces bois ont connu les vénérations de nombreux peuples, depuis le néolithique jusqu'à notre ère.
6000 ans en arrière, la montagne toute entière, parce que très souvent frappée par la foudre et les éclairs était considérée comme un lien mystique entre la terre et le ciel. La présence d’Homo Erectus y est en fait déjà avérée depuis au moins 130 000 ans : son alignement est-ouest, correspondant à la course du soleil, la rend alors particulièrement précieuse pour le calcul des calendriers."

"Quant à la grotte, les peuples indo-européens la nommaient « la Porte du Nord », celle séparant notre monde de celui des âmes éternelles. La plaine en contrebas, très occupée depuis l’âge du Bronze final (du IIIème  jusqu’au Ier s. av. J.-C), a fini par abriter de nombreux habitats groupés et fortifiés, datés de l’âge du Fer. Mais le Néandertal lui-même, grand chasseur, parcourait déjà les cavernes au cours des périodes glaciaires."

 "Au sujet de la forêt enfin, lieu de culte des druides gaulois en quête du Gui, elle hébergeait aussi l’Artémis des phocéens : on raconte que lors du siège de Massalia, les légions de Jules César n'osèrent y porter la hache qu'une fois que le consul ait dû lui-même démontrer qu’elle  « ne se défendait pas ».

« Il y avait un bois sacré, qui depuis un âge très reculé n’avait jamais été profané : il entourait de ses rameaux entrelacés un air ténébreux et des ombres glacées, impénétrables au soleil… Déjà la renommée rapportait que des tremblements de terre faisaient mugir le fond des cavernes, que les bois, sans brûler, brillaient de la lueur des incendies, et que des dragons, enlaçant les troncs, rampaient çà et là ». Lucain, auteur latin du Ier siècle, La Pharsphate Livre II, vers 394 à 418.

"Cette forêt est petite : elle n’a que 138 hectares. Mais sa renommée est grande. « Forêt vierge », « forêt relique », « forêt climax », « forêt primaire » : peu importe le qualificatif. La toute puissance de ses héritages mystiques prend inévitablement à la gorge."

Incursion du 02 mai 2015 :








"... et avec ton Appui, la Force.
Et avec la Force, la Compréhension.
Avec la Compréhension, le Savoir.
Avec le Savoir, de savoir ce qui est juste.
Sachant ce qui est juste, de l'aimer."

mercredi 25 mars 2015

Je meurs donc tu prends

Réagir à chaud est toujours dangereux. Mais je n’arrive pas à m’astreindre à la réflexion à la lecture de cette information du jour dans Le Parisien : "Don d'organes : l'Assemblée s'apprête à faciliter les prélèvements"...
Peut-on raisonnablement continuer à parler de « don » si le corps médical est autorisé à prélever nos organes sans que plus aucun membre de la famille n’ait son mot à dire, du seul fait que le défunt n’ait pas pris la peine de « s’inscrire sur un registre de refus » de son vivant ? Préciser par écrit son désir de disposer de son corps ; affirmer par une démarche administrative son droit à disposer de sa propre dépouille. La pénurie d’organe et l’affreuse détresse (bien réelle) de certains vivants suffit-elle à interroger un « usage courant » des morts ?
Mettre en opposition ces centaines de familles et de patients suspendus à la disponibilité d’un organe avec d’autres centaines de familles venant de perdre un proche et « pressés » de faire don pour sauver les premiers… voilà les éléments d’une tragédie grecque quotidienne.

Nous traversons de nouvelles périodes d’obscurantisme : le religieux ressurgit sous sa forme la plus vile et la plus détestable, réinterrogeant nos sociétés désemparées : nous qui ne réfléchissions plus, qui n’aspirions plus à d’autre ailleurs que le présent, nous voilà empêtrés. Avec nos vieilles consciences et nos pensées rouillées, nos cerveaux en panne sont soumis à l’écho-boomerang d’une culture occidentale de l’individualisme forcené, du culte du vivant et de la technologie, qui oppose sa propre obstination « progressiste » aux fondamentalismes.
Ai-je donc tort d’être choqué ? Ai-je tort de vouloir préserver de la religion ce qu’elle a toujours véhiculé de beau, de troublant et de nécessaire : le mystère, la mystique, la poésie de l’au-delà ? Quid de notre essence fondatrice, celle qui a, il y a des millions d’années, transformé de grands singes en hommes : l’angoisse de la mort ? Enterrer les morts, leur organiser des funérailles, respecter leur intégrité, leur donner cette chance hypothétique et formidablement désespérée d’atteindre un ailleurs dans un corps respecté, sacralisé, mû par une âme, n’est-ce pas ce qui nous a, avec le rire, distingué des bêtes?

Nos sociétés peinent à accepter le principe de l’euthanasie ; la vie est un temple trop moderne pour oser prétendre à décider d’en faire usage à son gré ; le suicide, quand il est possible, est un tabou ; le souhait de mourir, une hérésie telle que dès lors que le suppliant n’est pas lui-même en état de s’auto-exécuter, on le lui refuse. Dans beaucoup d’états, l’avortement et ce qu’il dit de nos sociétés sur la vie est remis en cause, ou nié. Les rapports entre la vie et la mort sont de plus en plus sensibles à mesure que l’on découvre de nouvelles capacités d’influer sur l’une, ou sur l’autre. Et dans ce rapport de force supplantant le Dieu, la mort est la grande perdante : plus que jamais, elle est expurgée de nos existences occidentales. La plupart d’entre nous mourront à l’hôpital, en secret, en silence, derrière des portes aux odeurs âcres, entourés d’une caste moderne ayant troqué les vêtements du sacerdoce contre des blouses pastel à usage unique. Celles-ci vont-elles, désormais, se dépêcher de héler les plus doctes des serviteurs du Culte du Vivant pour nous dépecer et transporter nos chairs en direction d’autres couloirs au bout desquels d’autres condamnés secrets espèrent, tandis que nous serons hâtivement recousus ? 
Devient-il impossible, au regard de cette néo-dictature du vivant réfractaire à sa disparition, de se laisser pourrir tout entier, en un seul morceau, quand tant de désespérés convoitent nos saines entrailles pour gagner leur répit ? Doit-on en venir à se dénoncer auprès d’une instance comme si imbu de soi-même, si égoïste, si narcissique, si cruel que l’on désire –ô, orgueil suprême !- reposer entier, avec tous ses organes ? Doit-on accepter, en cas de carence administrative, en cas de non-inscription au Registre des Salauds, que la plus élémentaire logique, la plus saine compassion entraîne l’ardent consensus autour de notre « dépeçage citoyen » ?
La curieuse déification de la laïcité que l’on nous sert à outrance face au nihilisme brutal de la théocratie doit-elle en arriver à nier, vilipender, dénoncer, abaisser cette poésie de l’espoir, ce besoin de magie, cette soif d’imaginaire au point que le mort ne saurait plus être, définitivement, qu’une mise à disposition collective d’un corps-véhicule ? Le corps-objet vivant, siliconé, prothèsé, transformé, modifié, tatoué, surveillé, assuré, doit-il finir en corps-objet banque d’organes, supermarché d’espoirs extérieurs, self-service à vivants ?
Doit-on donc se familiariser avec l’idée que nos dépouilles ne soient plus rendues à la terre, mais distribuées aux hommes ? Ne sont-ce les bêtes qui se partagent les dépouilles des leurs ? Doit-on se faire à l’idée que nos morts ne soient plus confiés aux cieux, aux cosmos, aux rêves et aux légendes, mais aux chirurgiens, aux caisses stériles, à destination de corps-véhicules encore animés ? Non plus aux ancêtres et aïeux, mais à la dissection et au recyclage ?
Voilà que l’éternité du XXIème siècle mute : collective, interchangeable et industrialisée, elle remplace l’éternité du céleste, l’intégrité du corps inanimé s’éteignant au profit de l’individualisme de l’organisme vivant, dont la fin – vivre, toujours plus, toujours plus longtemps, toujours mieux- justifie le moyen. 
« Eparpillés façon puzzle », comme dirait Audiard : voilà notre nouvelle éternité. 
Réincarnés en cœurs, poumons, foies, reins, yeux, survivant au service d’autres âmes que la nôtre.

Quand cela sera rendu possible, devra-t-on signer des registres pour spécifier vouloir garder notre âme après notre mort, dès lors que tant d’âmes abîmées, blessées ou traumatisées, enfermées dans des corps bien vivants, auront besoin d’être réparées pour garder espoir en la vie ?

mardi 17 mars 2015

Egodialogue : Extra-balle...

-Comment tu dis que ça s’appelle déjà ?
-Le Quatrième H.
-Le quatrième quoi ?
-« h ».
-Ca veut dire quoi ?
-Ben ça, faut le lire, pour savoir.
-Ah. Et ça parle de quoi ?
-C’est de l’Anticipation. Un peu comme de la science-fiction, si tu préfères.
-Tu fais des trucs comme ça, toi ? Genre Terminator, Transformers, tout ça ?
-Heu… non, pas tout à fait. Y’a pas de robots.
-Ah. C’est plutôt du genre un peu chiant, comme l’autre gonzesse perdue dans l’espace là ? Ou alors plutôt flippant, comme Doom, ou Resident Evil ? C’est cool, Resident Evil, j’aime bien…
-Non, rien de tout ça… Disons que, si tu tiens absolument à faire un parallèle avec un film, ce serait plutôt du genre de l’Armée des Douze Singes, par exemple…
-Ah, ouais. Je vois. Le truc ou tu comprends rien, quoi.

vendredi 13 mars 2015

Le mystère du Cerf de l'autoroute d'Aubagne, part II.

Il y a un peu plus de quatre ans, je postais sur ce blog (ici : "Le cerf de l'autoroute d'Aubagne"), une interrogation sur la créature ayant inspiré le design des panneaux de voirie signalant ces improbables animaux sauvages susceptibles de traverser les artères surtaxées ceinturant nos villes de bitume.
Après des années d'investigation, je livre ici le corps de mon enquête et les pistes sérieuses que j'ai suivies sur l'origine mystérieuse de cet "animal urbain mythologique" :

lundi 23 février 2015

Si tu reviens, comme je l'espère...


Il a la beauté grave d’un Cassius Clay propulsé dans un film de Tarentino, costume Mao noir tiré à quatre épingles ; mais quand il se met à parler, juché sur un tabouret dans le faisceau d’un unique projecteur, on lui trouve la douceur et l’humanité d’un Patrick Chamoiseau. Elle a l’assurance fauve d’une Joan Jett propulsée dans Thelma et Louise ; mais quand elle s’avance devant l’écran sur-éclairé, on lui trouve l’évanescence et la légèreté d’une princesse de Saba. Il a la discrétion d’un Salary Man propulsé dans un rêve de Murakami ; mais quand il traverse le sol pelliculé obsédé par la quête de ce qui lui échappe, on lui trouve la lumière du feu et la force du bois. Elle a la discrétion inquiète d’un caméléon propulsé dans un décor inconnu ; mais quand elle lance cet appel à d’invisibles dieux sanglée dans une robe d’ombre, on lui trouve le charme obsédant des mythes de l’ancienne ère. Tous les quatre dansent le bal de l’éternelle malédiction, tour à tour soudés dans l’oblique de mêmes trajectoires d’équilibres suspendus, ou divisés dans de frissonnantes solitudes tantôt résignées de chagrin, tantôt révoltées de passions contradictoires.

mardi 10 février 2015

Of course Mama's gonna help build the wall

Dans les livres que je lis, des kamikazes de factions rivales se font exploser en plein milieu des foules, par haine et par désespoir. Dans les livres que je lis, respirer est devenu dangereux selon les heures du jour ou des conditions météorologiques. Dans les livres que je lis, des satellites en orbite peuvent, en tournant sur eux-mêmes grâce à des salles de commande enfouies, repérer la position d’un individu n’importe où sur la surface du globe ; dans les livres que je lis, des avions peuvent voler sans pilote et larguer des bombes sur un point précis. Dans les livres que je lis, on peut se faire remplacer des membres ou des organes par des machines, se faire implanter des puces électroniques sous la peau ou modifier son corps en augmentant ou réduisant son volume. Dans les livres que je lis, deux camps s’affrontent, celui où l’on meurt de trop manger, et celui où l’on meurt de faim. Dans les livres que je lis, on enfante et procrée sans plus de rapport sexuel. Dans les livres que je lis, on peut se parler et se voir instantanément depuis n’importe quel point du globe.

vendredi 6 février 2015

J'aime penser à une forêt cybernétique...





En 1967, alors que Serge Papert invente le langage "Logo" - à bien des égards, un langage informatique surpassant déjà les "Basic" qui émergeront dans les années 80 jusqu'à demeurer aujourd'hui encore la base sur laquelle s'appuient de nombreuses recherches en Intelligence Artificielle - Richard Brautigan livre cette Ode visionnaire intitulée : "Sous la surveillance bienveillante des machines."

vendredi 30 janvier 2015

"We Are The World" : 13 stars créent le buzz autour d'un auteur inconnu

En avril 2014, une petite maison d'édition indépendante basée à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, sort un petit fascicule d'une centaine de pages au titre peu convivial : Egodialogues. Magie d'internet et des réseaux sociaux, le livre, qui compile des conversations absurdes entre interlocuteurs plutôt bas du front, connaît un succès phénoménal. 

lundi 26 janvier 2015

« C’est un garçon sans importance collective : c’est tout juste un individu. » (L.F Céline)

C’était un siècle où tout le monde y allait de son épanchement : l’époque était à la fois foisonnante et putride, comme un champ couvert de fleurs sans bouquet refusant obstinément de faner.
D’innombrables musiciens entamaient d’inexistantes tournées par une date unique rebondissant avec emphase sur la sortie morose d’un inutile album autoproduit jeté en pâture à l’indifférence de sites de partage payants, avec une dette auprès d’un graphiste indépendant lui-même au bord de l’incognito.