jeudi 28 février 2013

Ca non.

Ce n’est pas une chanson d’amour

Je suis heureux de posséder
Pas si je ne possède pas
Faire de grosses affaires c’est
Etre particulièrement avisé
Je m’immerge au cœur de
L’entreprise
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Je suis adaptable
Et j’aime ce que j’ai à faire
Je ne cesse de m’améliorer
Et j’ai de nouveaux objectifs
Je modifie mes préférences
En fonction de là où l’argent coule :
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Je passe sur l’autre rive
Je suis heureux de posséder
Pas si je ne possède pas
Faire de grosses affaires c’est
Etre particulièrement avisé
Je suis moi-même à l’affût de la liberté
D’entreprendre
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas de la télévision
Derrière les rideaux
Sitôt passée la porte
Tu sautes dans le premier train
En direction du vaste monde
Es-tu prêt à saisir ta chance
Ce n’est pas de la télévision
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour
Ce n’est pas une chanson d’amour



vendredi 15 février 2013

Ta mère !

Hier soir dans la nuit j'ai regardé un reportage réalisé par Arielle Dombasle pour Arte. Comme nous l'avons tous fait avec de micro-caméras, des amis et des questions qui, en elles-mêmes, ne revêtaient pas grande importance, nous les avons interviewé tour à tour, puis, pour donner de la matière et du coffre au tout, nous avons élargi l'expérience à toutes nos connaissances et le tour était joué : les réponses prenaient la place du sujet, la question s'effaçait, et, nous l'espérions, les réactions des humains que nous affectionions à cet instant là de notre vie révélaient quelque chose de troublant.
Sauf que nous ne sommes pas Arielle Dombasle, et que donc, ces expériences socio-anthropologiques confinées sont restées sur des mini-cassettes vhs dans nos tiroirs de commode.
Mais voilà, arielle, c'est Arielle.
Comme nous, elle filme comme un pied. C'est flou, c'est tordu, le son est pourri, les enchaînements hasardeux, l'image est verte ou marron, bref, c'est esthétiquement ignoble. Mais ça passe à la télé. Le résultat est bien le même : à la place de notre pote de comptoir c'est plutôt Lenny Kravitz ou Pierre & Gilles qui s'y collent, mais l'intérêt est le même : à question à prioiri inutile ou embarassante, qui fera preuve de sel, d'imagination, de poésie, de surprise, de révélation, de tristesse, d'émotion, de bêtise ? Qui nous renverra à nous-même, qui nous hérissera, qui nous séduira, qui nous émoeuvra ?
Mais voilà que la question d'Arielle elle-même vient prendre toute son importance quand, soudain saisi de stupeur, je me surprends à y répondre du tac-au-tac, sans même réfléchir une seule seconde, et que ce que je viens de répondre à voix haute, comme ça, me cloue le bec. A la question "Quel a été votre premier désir", j'ai répondu sans coup férir : "- ma mère".
Je frissonne, je me glace, je me conchie, je me terrorise, je me justifie avec rien, je cherche autre chose en vain, puis en soufflant je réalise que c'est là une réponse d'une étonnante banalité, même pour plein de stars. Et je me dis alors que chaque fois que je l'oublie, le hasard me rappelle pourquoi j'aime l'homme de cette façon si bizarre.

mardi 12 février 2013

Je suis contre.

Je crée ce jour un ensemble pétionnaire dont je me déclare Président à vie.
Cet ensemble se caractérise par la création des groupuscules suivants :

- Contre les 4x4 noirs ou blancs qui restent sur la file de gauche de l'autoroute en affichant leur volonté inconditionnelle de rouler au-delà de la vitesse autorisée en pensant qu'ils sont assimilables à un Panzer participant à une Blietzkrieg.

- Contre les dimanche après-midi et les dimanche soirs, tant qu'ils seront inexorablement suivis d'un lundi.

- Contre la nécessité de pianoter bêtement sur la touche du son de sa télécommande pour compenser compulsivement soit l'augmentation du volume des scènes trépidantes, soit sa diminution lors des dialogues, des grands films de cinéma que l'on tente de les regarder chez soi en catimini, mais tranquile, tandis que sa compagne/son compagnon/son animal domestique dort paisiblement.

- Contre les petites motos de cross et de trial à moteur 2 temps qui remontent les très longues avenues, de préférence la nuit.

- Contre le rugissement du camion-poubelle les matins d'été où l'on s'est couché ivre de mauvais rosé il y a une demi-heure à peine.

- Contre le temps froid qui finit par faire très mal autour et dans les oreilles, ce qui, en soi, est tout aussi considérablement douloureux que stupide (et en plus, ça fait aussi mal quand enfin on revient se mettre au chaud, mais dans l'autre sens).

- Contre le temps chaud qui finit par empêcher de dormir, empêcher de marcher, empêcher de sourire, empêcher de baiser, empêcher de faire la sieste, empêcher de tout sauf de boire, ce qui serait en soi plutôt sympathique si la chaleur elle-même ne rendait le fait de boire terriblement dangereux.

- Contre les piétons qui se mettent à zigzaguer quand ils vous sentent arriver dans leur dos plus vite qu'eux, mais exactement à contretemps de la direction par laquelle vous avez décidé de les doubler, ce qu'il fait que vous vous retrouvez à trépigner derrière eux comme un con, un coup à droite, un coup à gauche, tandis qu'eux se sentent terriblement gêné de ne pas arriver à vous laisser passer.

- Contre les clients qui souhaitent payer exactement l'appoint en fouillant dans de petits porte-monnaie impraticable, qui étalent des pièces inutiles en en choisissant la face sur le comptoir avant de se rendre à l'évidence qu'ils ne parviendront pas à la somme voulue, et qui, ensuite, cherchent un billet sur eux dans un endroit compliqué qui prend du temps.

- Contre les feux qui passent au vert dès lors qu'on souhaite traverser.

- Contre les feux qui passent au rouge dès lors qu'on veut tourner à gauche (ou à droite, c'est toi qui choisit, ça marche des deux côtés).

- Contre le vent qui souffle toujours bien plus fort dès lors qu'on attaque une grande côte de face.

- Contre les blogs (ça, c'est juste par coquetterie)

- De façon générale, contre les autres.

- Tiens, de façon encore plus générale, disons que je suis pour tout ce qui est contre. C'est par principe, ne cherchez pas.

lundi 4 février 2013

Un homme extraordinaire...

J’ai jamais pu blairer Shakespeare. Rien que son nom à écrire, on dirait qu’il l’a fait exprès pour faire chier. Alors quand on découvre dans les journaux du soir qu’on vient, tout près de Leicester, de retrouver la dépouille de Richard III sous les combles d’un vieux parking en démolition, et qu’on rappelle immédiatement, comme un lien de cause à effet, la teneur empoisonneuse du drame de cet auteur ankylosé de snobisme élitiste pouilleux qui a fait passer, pour le compte des Tudor dont il léchait allègrement la banane, cet incroyable Roi pour une saloperie de bossu sanguinaire, comment faire autrement que de s’insurger ?
A ce stade, tout cela mériterait enquête. Et j’ai toujours voulu faire preuve de probité. Oui, j’y ai toujours tenu. Ca a tout le temps été stérile, tout le monde s’en fout royalement, mais tout le temps, chaque fois que j’ai souhaité, ici-même, dans ces pages, évoquer quelque penchant pour « l’histoire », j’ai passé des heures entières à me documenter comme un rat sur la question que je souhaitais aborder, de peur de manquer de jugement, de sources, et évidemment, de probité. Mais là, je m’en fous. Va savoir pourquoi ? Les choses parfois ne doivent pas êtres expliquées (et puis ce Gewurztraminer de 2011 était vraiment foutrement gouleyant, ça, c’est un fait avéré). Il se trouve néanmoins que j’éprouve l’envie, là, en ce moment, d’être le huron qui laisse son canoë couler le long de la rivière, sans autre velléité que de regarder les dieux péter en l’air. Et donc moi, là, j’ai envie de dire comme ça, sans aucune preuve, sans aucune documentation, sans aucun argumentaire, que Richard III, et bien, je l’aime bien ; il a fait assassiner ses deux neveux, donc c’est un salaud ? Je défie quiconque d’aller mettre le nez dans l’histoire royale anglaise, principalement celle qui émaille cette « guerre des deux roses » du XVe siècle anglo-saxon, et parvenir à y faire le tri tant tous ces rois, neveux, nièces, frères, alliés et autres ennemis d’un soir tournent casaque à la vitesse de l’éclair sous la houlette biaiseuse d’historiens antagonistes. On disait Richard III bossu ? En fait, une sévère scoliose déformante lui faisait porter une épaule bien plus haute que l’autre. Et alors (comme dirait la nubile - et néanmoins putrescente – Shym’) ? : Berthe, la tendre mère de Charlemagne himself, était bien appelée « aux grands pieds » alors qu’elle n’avait, en réalité, une difformité d’un seul de ses deux pieds, ce qui la rend tout de suite plus énigmatique… Peyin le bref, son Gentilhomme (et que tous les « gentlemen » de l’histoire aillent se faire enculer, le « gentlemen » anglais Sean Conneryesque n’ étant autre qu’une traduction merdique du Gentilhomme à la française, les anglais n’étant, à l’époque de la naissance de l’expression, qu’une peuplade de trayeurs de vaches) devait, semble-t-il, son surnom, si l‘on s’en tient aux livres mielleusement minimalistes d’histoire de France de nos jeunes années… à sa petite taille, alors qu’il le devait en réalité à la rapidité et la « brièveté » avec laquelle il était capable d’occire ses ennemis au combat à l’aide du fléau d’arme hérité de son père, l’ignoblement récupéré Charles Martel (qui se servait donc d’un « marteau d’arme », outil ô combien sympathique)))… Bref (et je déteste « Bref », soit dit en passant, cet espèce d’enculé bobo mal rasé à l’humour pisseux pour conasses en mal d’autodérision), Charles III n’était pas bossu, il avait juste une épaule en l’air.
Après, bon, on a dit qu’il était couard. Bon, il se trouve que sur le squelette que l’on vient de retrouver sous le béton de ce parking de seconde zone dans une banlieue moisie d’Angleterre, près du site de la bataille de Bosworth, les fractures et traumatismes recensés sur la dépouille proviennent toutes de l’arrière : en l’occurrence, il ne suffirait pas de grand-chose de plus à un de nos vieux gaulois (un franc salique, je veux dire) pour en déterminer la couardise avérée du bonhomme ( rappelons que ceux-là de nos ancêtre germains (des boches, ni plus ni moins, on va pas se voiler la face) se rasaient la nuque exprès, leur semblant de casque se résumant à une coupelle frontale ridicule mais très brillante, et ce, pour symboliser leur réticence à se retourner lors d’un affrontement : le cas échéant, ils ne présenteraient plus alors à l’ennemi qu’une nuque tondue, toute prête à accueillir la lame de la hache, du glaive ou du pilum, pour les achever comme des merdes de fuyards qu’il seraient devenus ) : il a pris ce qui ressemble à un coup de hallebarde dans le bas de la nuque, là, bien dans les vertèbres - mais déjà d’autres historiens (vous savez, cette race d’onanistes qui veulent tous avoir raison sur des faits sur lesquels personne ne peut plus trancher, ce qui rend leurs théories respectives toutes aussi inutiles les unes que les autres) parlent juste d’un trait de flèche - et un autre qui créé déjà moins de polémique, en plein à l’arrière de la tête, de la part « d’un outil plus « acéré »…
Là, d’autres savants de l’histoire relisent les vers de ce péteux amidonné de Shakespeare, « My Kingdom for a Horse », comme la supplique d’une fiotte voulant se carapater à vitesse grand V d’un champ de bataille tournant vinaigre et qui chercherait par tous les moyens à filer « à l’anglaise » ; mais il se trouve qu’il a été déterré dans des écrits du XVIe des témoignages faisant état d’une rage de la part de Richard III à l’encontre de Henri Tudor qui se serait traduite par une volonté farouche d’en découdre personnellement avec le type lui-même sur le champ de bataille, rage qui aurait poussé le Richard à se jeter en plein cœur de la mêlée bien que le pugilat tournât ostensiblement en la défaveur de ses troupes, juste pour pouvoir se colleter de près avec son rival dans l’espoir de lui foutre une branlée des familles (parce que, par contre, il est de notoriété publique, et ça personne ne semble le contester, que le gars Henri III, fallait pas le chercher beaucoup pour qu’il choppe les boulasses et qu’il vous en balance un de derrière les fagots en pleine poire, et ce, depuis son plus jeune âge, l’enculé): de là, « My Kingdom for a horse » redeviendrait le cri de haine farouche d’une bête ensanglantée à l’adresse de son ennemi juré en train de remporter une bataille décisive, ce qui, avouons-le, change quand-même passablement l’image du bonhomme à l’épaule plus haute que l’autre.
Toujours est-il qu’on le retrouve avec des blessures plein le dos, ce qui prouve que : soit on l’a escarbillé comme une hyène par derrière alors qu’il se ruait vers le Tudor la bave aux lèvres / soit effectivement qu’au contraire, il tentait de foutre le camp comme une mangouste chiasseuse et qu’un quelconque soudard du camp adverse a en profité pour lui flanquer une bonne trempe derrière le paletot, coup qu’un autre type avant lui aurait déjà tenté avec moins de résultat en lui fendillant juste le crâne de la pointe de sa rapière.
On notera aussi qu’il avait toutes les molaires pourries, ce qui le rend un peu moins glamour mais un peu plus rock’n’roll aussi. Une haleine de bouc et des dents gâtées, pour un Roi, ça la fout mal, mais pour un hargneux têtu, c’est toujours plus convaincant.
Toujours est-il que nous voilà dans la plus grande expectative devant ce cadavre du XVe siècle retrouvé dans les soubassements d’une construction Vinci à l’anglaise, et que personne ne sera vraiment foutu de dire ce qu’il en a été de ce type, mais qu’une chose est sûre : Shakespeare et les Tudor sont une belle brochette d’enculés, moi, je vous le dis. Parce qu’on a beau ergoter dans le sens qu’on veut, résister pendant 5 siècles et presque un demi de plus sous une place de parking au fin fond du trou du cul de la province anglaise, juste pour faire blablater les historiens lunetteux du moment pendant encore deux bons siècles, ma foi, on a beau dire, ça force le respect.
A King is dead. Long live the King.