jeudi 25 juillet 2013

On the Beach...


A la plage, on trouve de tout.
Quoi qu’il en soit, tout le monde reste à peu près logé à la même enseigne, si bien qu’à travers 25 photos postées ce 25 juillet, vont sans grand effort se distinguer trois catégories assez binaires que l’on pourrait s’amuser à séquencer ainsi, avant d’aller soi-même tenter de garder la tête haute et le poitrail arrogant quelque part au bord de l’eau :

les Grands Bidochons Magnifiques, où quand ceux qui font et défont l’Histoire au gré de leur époque se mettent le ventre à l’air…


Le Grand Jacques, où l'élégance du slip de bain à la française...


dimanche 14 juillet 2013

La Prise de la Pastille

La demie de dix heures venait de sonner, alors il sortit le six-coups Smith & Wesson de l’étui dans lequel il le tenait rangé le reste du temps et entreprit de remplir lentement une après l’autre les alvéoles parfaitement huilées du barillet au moyen de cartouches brunes et oblongues qu’il trouva soigneusement alignées les unes à côté des autres dans le petit fourreau cartonné jouxtant l’étui principal ; lorsqu’il eut réenclenché le barillet dans le corps de l’arme, sans se presser il arma le chien en direction de la foultitude bruyante assise en désordre dans le dénivelé de la colline d’ordinaire si calme, un peu plus haut. Il cala son coude sur le cadre de la fenêtre, balaya du bout du canon l’horizon bleuté sur lequel la nuit tombait sans plus de retenue puis se contenta d’aligner une tête au hasard dans la mire (probablement un homme, qui portait une sorte de chapeau, un bob peut-être) et dès lors, respirant avec le flegme d’un touriste, attendit la première salve. Quand une première auréole verte scintillante explosa dans le ciel avec un fracas de tonnerre, il pressa sur la détente. Loin devant, la tête disparût. Ensuite, il ne s’appliqua plus autant, se contentant d’actionner la gâchette à chaque fois qu’une nouvelle explosion lumineuse venait emplir le ciel de sa forme majestueusement ridicule, et répéta le même geste ainsi jusqu’à ce que le chargeur soit vide. Dans la pénombre, quelques deux cent mètres plus loin, des ombres s’agitaient désormais d’une façon qui contrastait avec les reste de la foule noyée dans un fracas de détonations festives tandis qu’il s’efforçait de détacher des silhouettes de cette frénésie à peine perceptible au travers des capricieux éclats lumineux qui trouaient le soir par intermittences. Ce n’est que lorsque le son d’une sirène stridente se fraya un chemin dans la nuit tombée jusqu’à la fenêtre qu’il se recula d’un pas, pour se mettre à l’abri de l’ombre qui avait envahi sa cuisine, l’arme toujours à la main.

mardi 9 juillet 2013

La prière de l’heure bénie de l’anis étoilé…

« … Sois pur, Soir pacifique et tendre,
Fraîcheur des champs brûlés, repos des membres lourds,
Oh, ne te hâte point, Soir béni, de descendre
Vers les grands pays d’ombre où doit finir ton cours !
Laisse-nous savourer ton délice éphémère,
Passant sacré, porteur de l’urne balsamaire
D’où s’épand sur le monde un miel immense et doux.
Nos fronts que le soleil a brunis de son hâle
Déjà penchent… Du moins, prolonge un peu sur nous
Le mystique frisson de l’heure occidentale.
Et nous t’adorerons, ô Soir, à deux genoux. »

Anatole Le Braz

Anatole est un être foisonnant ayant évolué aux frontières des mythes celtiques tout en assumant un patriotisme républicain aigu, paradoxe composant un personnage controversé dans une époque de mutations à la fois progressistes et morbides.
Né en 1860 dans les Côtes d’Armor, il est le pionnier de ce qui s’est réduit à un « mouvement régionaliste breton » tout en ayant ouvertement revendiqué une relation à la Bretagne qui n'exclura jamais une allégeance sincère à la France.
Elevé sous la menace/protection de la remarquable (mais impressionnante) statue de l’Ankou de l’église de Ploumilliau (Dieu-père de la mythologie celtique proche du dieu gaulois Sucellos ou du Dagda irlandais, détenteur du « mell benniget », le marteau béni - petit à petit remplacé dans l’imagerie collective par la faux - initialement en charge de la perpétuation du cycle de la vie (jour/nuit, naissance/mort) avant que sa fonction ne soit réduite à la seule Mort -. Les statues d’Ankou, en Bretagne, sont sujettes à beaucoup de rites : alors qu’on raconte qu’au soir de Noël, ceux qui auront frôlé, durant la messe de minuit, la cape ou l’arête d’un Ankou ne passeront pas l’année, on place aussi ces statues morbides par paire autour du cercueil des morts, qu’on veillera dès lors jusqu’à … ce qu’un enfant de chœur s’évanouisse), il en gardera une fascination pour le lien si spécifique unissant le monde celtique à l’idée de la mort, fascination qu’il concrétise à 30 ans dans un étonnant ouvrage intitulé « La Légende de la Mort chez les Bretons armoricains ».
La même année, il demande et obtient de l'administration l'autorisation de donner un cours de breton facultatif aux lycéens, le premier du genre en Bretagne.
Sept ans plus tard, en 1897, il hérite du titre de Chevalier de la Légion d’Honneur tandis qu’il prend parallèlement la présidence de l'Union Régionaliste, dont il dirige une délégation de 21 bretons jusqu’à l'Eisteddvod de Cardiff (sous sa forme moderne, festival gallois de littérature, musique et théâtre où des compétitions suivies de remises de prix ont lieu dans diverses disciplines, et principalement en poésie. A l’origine de la tradition bardique, l’eisteddfod est une assemblée religieuse validant collectivement thèmes, idiomes, symboles, rites et outils de la transmission culturelle galloise.): il y recevra une investiture de barde, sous le nom de Skreo ar Mor (La mouette).
Il ne participera cependant pas aux activités de la branche bretonne du Gorsedd, créée 3 mois plus tard. (« Fraternité des druides, bardes et ovates de Bretagne », créée puis placée sous l'autorité de la Gorsedd galloise : le premier Grand Druide breton dut prêter allégeance à l'archidruide de Galles, le Grand Hwfa Môn. La même autorisation de constitution a été donnée au Gorseth de Cornouailles britannique plus tard, en 1928.
Distinguons cependant ici le druidisme celte protohistorique d’avec ce néodruidisme contemporain créé au XVIIIe siècle, qui crée bien des polémiques. Si pour certains éminents spécialistes il n'y a pas de « filiation traditionnelle remontant aux druides de l'antiquité », certains bardes ont estimé le contraire, notamment le cinquième grand druide Gwenc'hlan Le Scouëzec. La transmission continue n'est au demeurant pas démontrée historiquement, ni étayée par des travaux scientifiques. Per Vari Kerloc'h, sixième et actuel Grand Druide sous le nom de Morgan, considère le problème d’une filiation traditionnelle remontant aux druides de l'antiquité comme un critère avant tout inspiré par des considérations de « théologie catholique »…)
En effet, il s’éloigne très rapidement de l'Union régionaliste bretonne, celle-ci lui apparaissant comme refuge aux réactions antirépublicaines. Il rompt ainsi avec le mouvement régionaliste, qu’il estime tombé sous une influence aristocratique et cléricale, sans pour autant renoncer à son amour de la Bretagne mais sans non plus jamais cesser de célébrer la pensée française et les grands écrivains français : cette dualité s’exprimera à travers sa nomination en qualité de professeur à la faculté des Lettres de Rennes, durant laquelle ses travaux porteront tous sur « la Bretagne, le romantisme et le théâtre celtique ».
En 1901 cependant, avant même qu’il ne soit nommé maître de conférence, il perd son père, sa belle-mère et ses quatre sœurs dans le naufrage d'un bateau dans l’un des plus beaux « abers » (estuaire) de Bretagne, celui de la rivière de Tréguier. Il se remarie, mais perd sa seconde femme en 1906 ; en nécessité « d’ailleurs », il obtient d'être chargé de mission d'enseignement en Suisse et aux États-Unis.
De retour en 1911, il vient participer à Rennes aux cérémonies pour l'inauguration du monument symbolisant l'union de la Bretagne à la France, placé sur la façade de l'hôtel de ville : s’il prononce alors, contre l’avis des autorités, une partie de son discours en breton, c’est à sa demande que le Ministère accepte la même année que les cours d'études celtiques donnés à l'université de Rennes puissent être sanctionnés par deux diplômes, le Certificat Supérieur d'Etudes Celtiques, et le Doctorat ès Lettres Celtiques.
Il est à nouveau expatrié aux USA pendant la guerre de 1914-1918, durant laquelle il a la douleur de perdre son seul fils au front, avant de devoir affronter le décès de sa troisième épouse en 1919.
De retour à Rennes très malade en 1920, il y prend sa retraite et se remarie en 4èmes noces en 1921 ; il meurt peu après, en 1926, d'une congestion cérébrale.

Pour couronner le mythe du « barde républicain », notons enfin qu’au-delà de rédiger des Odes à l’heure de l’apéro, Anatole n’est autre que l'arrière grand-père de… Tina Weymouth, bassiste du célèbre groupe américain Talking Heads.

jeudi 4 juillet 2013

Le Roi Lion

Stephan Bibrowski naquit en 1891 quatrième garçon d’une fratrie de six enfants dans une bourgade de Pologne proche de Varsovie, atteint d’une forme exceptionnelle de dérèglement hormonal ayant pour conséquence de lui valoir, comme aux très rares infortunés ayant partagé son impressionnante singularité, l’apparition d’une épaisse pilosité sur tout le corps et plus particulièrement sur le visage, tandis que son faciès et ses mains se retrouvaient victimes d’un épaississement progressif. Sa maladie se majorant au fil de l’enfance, (dans la plupart des cas, les deux premières décennies étant celles de l’aggravation du phénomène), il ne lui fallut guère dépasser l’âge de quatre ans avant qu’un de ces obscurs personnages écumant les campagnes reculées à la recherche de « freaks » pour alimenter les très populaires cirques ambulants de l’époque ne vienne toquer à la porte de sa mère.

mercredi 3 juillet 2013

I was born in Clinique Bouchard un soir de Noël

Je sais tenir une maison. Je suis né la même année qu’une reine du hip-hop. Je sais me lever le matin, ouvrir les volets, mettre du café en passe et préparer un petit déjeuner souriant alors que je ne déjeune que de trois fruits secs. Je suis né la même année qu’une grande actrice subtilement désintéressée. Je sais emmener un enfant à l’école à l’heure, lavé, coiffé, les dents propres, le ventre plein, le cartable fait et dans une tenue intelligente, adaptée au temps qu’il fait. Je suis né la même année qu’une bimbo pure souche USA.

mardi 2 juillet 2013

Goldfingers

Je veux fumer ça c’est mon vice

Je veux sécher par les trous de nez
L'air putréfié de mon Egypte
Tel un Aménophis Premier
Nicotinant les plaines polliniques
Qui dans mes bronches vibrent et vrombissent
Tétant vingt courts Premium calices
La nuit tombée
Je nargue les platanes lisses
De la cour pavée du curé
Qui exsudent vers mon Sloop
Amarré rue de la Guadeloupe
Leurs méphitiques alizées
Entre deux fix de Ventoline
Qui m'ouvrent aux vents de la fumée
Deux grands poumons terrorisés
J’avale mes rouge guillotines
Qui tombent – clac – dans ma poitrine
Une par une avec Papa
Nicotinées dans l’alpaga
De l’étui bleu de ses Gitane
Transformé spécialement pour moi
En Or Benson sous cellophane