J’ai commencé à l’écrire alors que j’avais atteint ma
majorité. En soi, il n’y a aucun lien à faire entre ces deux événements ;
c’est juste qu’à cette époque, on venait de me filer une splendide machine à
écrire électrique et que probablement, l’idée de signer la fin d’une ère passée
à m’écraser l’index, le majeurs et le pouce sur les touches mécaniques de mon
antédiluvienne Olivetti m’a particulièrement motivé : peut-être, en
arrêtant de devoir décoincer les barres de frappe tous les dix mots, j’allais pouvoir
enfin ne me concentrer que sur l’écriture sans que le résultat ne se résume à
un étagement de lignes biscornues sur lesquelles pas une lettre n’a la même
densité que la suivante ?