jeudi 14 avril 2022

Dallas : rififi au pays de la badiane

:::: Episode 1

Stetson 1 - Henri-Louis est un rude suisse (oui c’est possible) vivant à Pontarlier, Franche-Comté, fin XVIIIème: on est en plein Jura, dans la 2ème ville la plus haute de France après Briançon. Autant dire en montagne, quoi. Indépendamment du fait que son père exerce la bien noble profession de bouilleur de cru, on a tendance un peu partout dans le pays à se réchauffer le gosier à grands coups d’absinthe en famille, comme le montre cette photo prise au hasard à Oraison (qui est située bien plus bas, ce qui ne constitue pas pour autant une raison valable pour ne pas s’endimancher la glotte) où l'on pose fier de se déchirer la cafetière en écartant les jambes façon « manspreading », décontracté du gland (comme disait Gégé avant qu’il ne s’auto-caricature via de risibles amours contrariées avec son ami Vladimir). 

Rappelons ici rapidement que l’origine de l'absinthe, que nos anciens appelaient Armoise ou herbe de la Saint-Jean, remonte à fichtrement loin : elle est déjà dessinée (de profil) dans le grand papyrus égyptien Ebers vers 1600 av. J.-C, et dans sa version alcoolisée, dès -460 par deux des plus grands gaziers de l’époque: Pythagore et Hippocrate (l’un ayant légué à la postérité l’un des casse-têtes scolaires les plus rébarbatifs de l’histoire, l’autre ayant systématiquement droit de cité dans les conflits opposant nos apothicaires modernes, à peu près autant que le Général de Gaulle dans ceux opposant nos roitelets). Ces deux-là font ensemble, et sans se concerter, l’éloge en vrac de son action sur la santé, de son effet aphrodisiaque, et de sa stimulation pour créer. 

Même Lucrèce, LE poète star de l’époque, y va de son couplet sur ses vertus en préconisant d’en faire boire régulièrement aux enfants pour en faire de solides gaillards (il suffit, apparemment, de frotter le bord de la coupe avec un peu de miel pour pas qu’ils ne fassent pas trop la grimace ; pour le délirium tremens qui s’ensuit, il ne précise pas). Quant à Hildegarde de Bingen, célèbre moniale bénédictine mystico-visionnaire, illustratrice, compositrice, fondatrice et prédicatrice (au Moyen-âge, niveau moniale, on se faisait probablement sacrément chier) ayant développé des compétences en phytothérapie et en diététique, elle n’aura de cesse de vanter les qualités de décoctions d'absinthe dans du vin pour servir de super vermifuge (tu m’étonnes, de l’absinthe dans du pinard : niveau vers, il devait plus rester grand-chose), ce qui lui a valu de finir Bienheureuse de l'Église, puis d’être canonisée et proclamée Docteur par le pape Benoît XVI (qui devait avoir des vers). 

Il faut attendre la fin de ce XVIIIe siècle (d’où retour à l’époque qui nous concerne, suivez un peu) pour qu’on se risque à distiller de l’absinthe avec de l'anis vert et du fenouil… et dès là, ça part un peu en sucette (« ton Univers impitoyaaaââble »): de grands historiens n’ayant non plus apparemment pas grand-chose de mieux à foutre (comme quoi, on s’emmerde pas mal à toutes les époques finalement) se disputent déjà sur l’inventeur de la recette. Ici, même si c’est la piste la moins crédible, ma préférence va au docteur Pierre Ordinaire, parce que j’aime bien son nom : un « docteur ordinaire » qui invente un apéritif à puissance nucléaire, ça a quand-même plus de gueule qu’une herboriste suisse qui s’appelle Henriette Henriod (même si au final, c’est bien la mère Henriette qui a mixé la mixture). Bref, quoi qu'il en soit, le major Dubied (nom véridique à prononcer à la germanique pour en goûter toute la saveur), courtier en dentelles (re-véridique), acquiert la recette auprès de ladite mère Henriod et ouvre avec son gendre, Henri-Louis Pernod (dit « Stetson 1 »), la première distillerie d'absinthe : la première recette officielle « d'absinthe apéritive » date donc de 1797, signée Maison Dubied, Père & Fils.

8 ans plus tard, Henri-Louis prend ses distances avec son beau-père qui après tout, au-delà d’un nom de merde, n’est qu’un vendeur de culottes : il monte sa propre distillerie à lui, à Pontarlier : Pernod Fils. Nous revoilà au début de notre saga (« ….Glorifie la Loâââ du plus fort… »). 

:::: Episode 2 

Pendant la trentaine d'années suivante, l'absinthe reste essentiellement consommée dans leur région, qui devient logiquement « la capitale de l'absinthe » ; relativement chère, elle est encore l’apanage de la bourgeoisie suissesse, qui se délecte à faire comprendre aux chics skieurs parisiens de passage que c’est LA boisson hype du moment, ce qu’eux-mêmes s’empressent de faire à Paris en se moquant à leur tour des parisiens n’étant pas partis au ski (« rhôô les ringards, ils connaissent même pas l’absinthe ! »). C’est donc à Paris que nait l’appellation chic de « fée verte des boulevards », et logiquement, c’est finalement grâce aux filles de petite vertu papillonnant autour de cette bourgeoisie-là que sa popularité augmente, jusqu’à ce que l’absinthe représente finalement 90 % des apéritifs consommés en France au début de la guerre franco-prussienne.

Entretemps, Pontarlier a fait des émules. Et c’est là, en 1860, qu’on plonge définitivement dans le romanesque. Accrochez-vous. (« …Malheur à celui qui n’a pas compriiiiiis… ») 

A Avignon, un autre Pernod, mais qui n’a rien à voir avec la famille d’Henri-Louis, a fondé quelques années plus tôt une société spécialisée dans l'extraction de la garance : la Maison « Poncet, Picard et Cie », dont le but est « l'extraction de la couleur des racines de garance par le procédé Jules Pernod ».

Faut dire que le papa de ce Jules-François Pernod (les bourgeois aiment déjà beaucoup ces prénoms composés à la saveur bien dégueulasse) est teinturier en soies indiennes, et que la garance, qui pousse par brassées dans le sud, donne cette teinte rouge superbe aux textiles : or, comme l'armée française de l’époque arbore ce superbe pantalon rouge qui fera le régal des snipers teutons 50 ans plus tard, l'entreprise grandit rapidement au point que Jules-François envoie paître ses deux financiers pour fonder tout seul la Maison Jules Pernod et Cie.

Jules-François = Stetson 2. Son but est donc la fabrication et le traitement d'extraits de garance, mais aussi la fabrication d'engrais chimiques. Mais vu qu’il s’est un peu emballé, les comptes ne sont pas à la hauteur : qu’à cela ne tienne, adieu l’extrait de garance, on garde les engrais chimiques (là, y’a de l’avenir : de là à dire que Jules-François est une sorte d’ancêtre de Monsanto, y’a qu’un pas) mais on va donner dans l'alcool : après tout, entre l’engrais chimique et le kirsch, le rhum et le cognac, y’a pas des masses de différence niveau procédés, et matos. L’un fait bien pousser le blé, l’autre, l’ulcère. Du coup, Stetson 2 étant un peu retors sur les bords, il se dit qu’il y a peut-être un coup à jouer avec son homonymie avec la célèbre marque d'absinthe Pernod Fils de Pontarlier, qui marche du tonnerre : en 1882, il rebaptise sa société « Jules Pernod & Cie » et se lance à son tour dans la fabrication d'absinthe avec ses deux rejetons, Jules-Félix et Joseph-Louis. Hé hé (« ….Tu ne connais pas la pitiéééééééé… ») 

Evidemment, Stetson 1/Henri-Louis devient colère : sa société Pernod Fils attaque la société Jules Pernod & Cie pour lui faire interdire l'utilisation du nom « Pernod » pour son apéritif à base d’absinthe, faut pas déconner. Hélas, Pernod restant quand même le blaze de Stetson 2/Jules-François, il perd : Stetson 2 conserve le droit de vendre son absinthe sous la marque Pernod. 

Pendant ce temps, la production d'absinthe augmente, les prix chutent et la popularité s’enflamme : jusqu’à la Première Guerre mondiale, c’est l’explosion. Sans grande surprise, des absinthes de mauvaise qualité, surnommées « sulfates de zinc », prolifèrent. Pour finir, au bistrot, un verre d'absinthe devient moins cher qu'un verre de vin, peu importe que l’absinthe soit accusée (à juste titre) de provoquer de terribles intoxications au point qu’Emile Z, LE romancier du moment, en décrit les ravages dans son sublimissime « L'Assommoir ». Faut dire que dans les milieux branchouille, on en a fait le trip ultime : elle participe activement au pétage de boulard d’en vrac Van Gogh ou Toulouse-Lautrec, et les femmes se mettent même à s’en servir pour...son effet abortif (ce qui donne une vague idée de la qualité du produit). 

Dès 1875, c’est la fin de la récré : finie la Bamboche, comme dirait l’autre ! Les ligues antialcooliques groupées autour de Louis Pasteur (qui invente de chouettes vaccins mais n’est pas du genre à se prendre des caisses le vendredi soir), associées aux syndicats, à l'Église catholique (toujours sur les bons coups), et pour finir à toute la presse, se mobilisent contre « l'absinthe qui rend fou ».

A Pontarlier, malgré cette lutte déterminée contre l'alcoolisme menée aussi sur place par le virulent édile Philippe Grenier (premier député musulman de l’histoire de France, comme quoi on avait des députés musulmans dans le doubs en 1900 et semble-t-il, ça ne posait encore de problème à personne), 25 distilleries se partagent le business de la Fée Verte en employant… presque la moitié des gars du village. La capitale de l’absinthe, qu’on vous dit. 

Mais au cœur de cette floraison économique décriée, la scoumoune continue de s’abattre sur Stetson 1/Henri-Louis : le 11 août 1901, son usine prend feu (« …Un jour il y perdra la Viiiiie… »). Mais si c’est pas folichon pour Stetson 1, c’est carrément chouette pour le scénario car un de ses employés a vidé les cuves dans le Doubs pour éviter qu'elles explosent, et les bidasses en garnison à Pontarlier n’en croient pas leurs yeux : la rivière s’est transformée en bistrot géant gratos à ciel ouvert ! Tandis qu’ils remplissent leur casque à ras-bord depuis les berges, on retrouve des traces d’absinthe jusqu’à la source de la Loue, ce qui permet de découvrir l'origine de cette rivière restée jusqu’alors mystérieuse… ce qui constituera la première technique de recherche par coloration de l'histoire de l'hydrologie (véridique) ! 

Moins glam encore, en Suisse, Lanfray, un ouvrier viticole, tue sa femme et ses gosses après s'être pris une énième tôle à l'absinthe : montée en épingle par les producteurs de vin qui l’ont mauvaise depuis qu’ils ont été relégués aux coins des comptoirs, l'affaire prend des tournures de scandale national et en 1908, la Suisse vote la première la pénalisation de l’absinthe et en interdit « la fabrication, l’importation, le transport, la vente, et la détention dans toute l’étendue de la Confédération ». 

Les producteurs de vin sentent enfin le vent tourner (« …Le révolver est ton idôôôôôle…. ») et en 1907, ils organisent une grande manifestation à Paris - très illogiquement soutenue par les ligues antialcooliques - avec pour mot d'ordre : « Tous pour le vin, contre l'absinthe » : l'Académie de médecine crée même le terme « absinthisme » pour désigner l’addiction à l'absinthe (très proche d’absentéisme, vous remarquerez), qui répertorie les méfaits suivants : aliénation mentale, épilepsie, convulsions, paralysies périphériques… et même tuberculose (tandis que le pinard, lui, donne une patate d’enfer en revigorant l’organisme sainement, ce que tout le monde sait bien). C’est la fin de l’Âge d’Or de la Fée Verte : en France, son interdiction définitive est prononcée en mars 1915 (et durera jusqu’en… 2011). 

Que va-t-il advenir de nos Pernods ennemis ? Bon sang, quel suspens…

:::: Episode 3 

Peu avant sa mort en 1916, Stetson 2/Jules-François rebaptise sa société « Pernod Père et Fils » dont hérite seul Jules-Félix, Joseph-Louis étant mort en 1911. Jules-Félix = Gilet-à-Rayures1. 

Digne fils de son impitoyable père, et le vent ayant tourné pour l’absinthe, il dépose dès 1921 trois marques : "Anis Pernod", "Pernod" et "Un Pernod". Hé hé (rictus sur dents lavabo). Absinthe non, mais Anis… La situation vient de tourner définitivement à l’avantage montpelliérain, dont le trust vient de signer l’impossibilité, pour la marque « Pernod Fils » de Pontarlier, d’utiliser aucun de ces mots pour désigner ses futurs produits. (« ….Tu ne connais pas la pitiéééééééé… ») 

En 1920, la situation se tend : l'État n’autorise plus la présence d'anis dans les spiritueux qu’à hauteur de 30° maximum, avec un minimum de 200 grammes de sucre, le tout ne devant pas rappeler la couleur verte « feuille morte » faisant ouvertement référence à la maudite absinthe. 

Gilet-à-Rayures 1/Jules-Félix reste premier sur le coup : il crée sa marque « Anis Pernod », et entame la production d’un tout nouvel apéritif aux petits oignons : le pastis, dont il trouve le nom à partir d’un mot occitan signifiant « situation trouble » ou « mélange ». Pas son pareil pour rappeler le processus de dilution de l’absinthe, mais sans tomber sous le coup de la loi. 

A Pontarlier, les fils d’Henri-Louis, qui ont eu un sacré mal à digérer le coup précédent des montpelliérains, se disent que c’est l’occasion rêvée de rendre la monnaie de sa pièce à la famille de feu Stetson 2 : bim, ils déposent la marque « Anis Pernod fils ». Dans ta gueule, Gilet-à-Rayures. 

:::: Episode 4 

Gilet-à-Rayures, forcément, il s’engatse. Dans sa plainte, il balance : « Il y a en notre faveur une antériorité indiscutable, l'Anis Pernod ayant été déposé à la fin des hostilités de 1914-1918, alors que la marque Anis Pernod et fils ne l'a été que dans les premiers mois de 1926. Dès l'apparition des produits anisés, nous avons été et restons les premiers dans le monde, les seuls Pernod fabricants d'anis. Nous ajouterons que notre ancien concurrent Pernod fils, dont nous ne contestons nullement l'existence en tant que marque d'absinthe, n'a aucun droit à l'appellation Pernod pour l'anis. Le succès de notre marque Pernod a fait, et fera des envieux : nous en aurons raison ». Le procès est gagné en première instance, mais il y a appel. Pour autant, n’oublions pas : c’est un Univers Impitoyââââble dans lequel le business fait la loi : pourquoi se tirer dans les pattes quand s’associer ferait ruisseler davantage ? La guerre des Pernod prend fin avec la mort de Gilet à Rayures 1 : le 4 décembre 1928, la société Pernod Père et Fils d'Avignon, et la société Pernod Fils de Pontarlier décident de fusionner pour donner naissance à la société « Les Etablissements Pernod ». Les Rois de l’Anis s’apprêtent à régner sur l’hexagone. Générique. 

Vous pensiez que c’était la fin de cette saga rocambolesque ? 

Depuis quand Dallas s’arrête au 4ème épisode ? 

:::: Episode 5 

1932 : année bénie de la libéralisation des anisés. Leur teneur en sucres est déréglementée et le degré relevé à 40°, ce qui soulève l’enthousiasme, à Marseille, d’un certain Paul Ricard. Paul Ricard = ChemiseOuverte.

Au départ, faut savoir que ChemiseOuverte a l’âme rêveuse : il veut être peintre et faire les Beaux Arts. Sauf que son père, marchand de vins, refuse tout net : du coup, quitte à donner dans l’alcool, ChemiseOuverte/Paul Ricard se lance avec son frère Pierre (dit BelleCravate) dans la fabrication d’un tout nouveau pastis qui va péter la baraque sur la base de cette recette secrète décoiffante que lui a confié Monsieur Espanet, ancien coiffeur devenu bouilleur de cru clandestin qui concocte un pastis-dynamite clando à 60°. ChemiseOuverte et BelleCravate finissent par élaborer un mélange d'anis étoilé et d'anis vert teinté d'une pointe de réglisse qu’ils font tester en catimini dans les cafés marseillais, ce qui lui occasionne à ChemiseOuverte quelques problèmes avec les autorités locales… ce qui ne le refroidit guère. Il continue de faire le tour des zinc de la capitale sudiste avec son « Ricard, le vrai pastis de Marseille » vendu dans une bouteille d’un litre « dans laquelle on peut tirer cinquante verres » : ça claque, niveau concept. En huit mois, 250 000 bouteilles sont vendues. Yeeeha ! ChemiseOuverte/Paul Ricard peut enfin laisser libre court à ses aspirations créatrices : il dessine des brocs sensass à bec verseur, puis des affiches publicitaires flashy dont il recouvre les camions de livraison et très vite, il devient le premier vendeur de pastis au détriment du trust Pernod, qui n'a rien vu venir. Sitôt la hache de guerre enterrée entre Pernod & Pernod, la guerre de l’Anis redémarre entre Pernod et Ricard.

 :::: Episode 6 

Le clou est enfoncé en 1938, avec ce nouveau décret qui autorise à porter la teneur d’alcool à 45°, et permet ainsi de dissoudre plus d’essence d’anis : la saveur du pastis prend dès lors sa « véritable importance », et celle du pastis de ChemiseOuverte se distingue clairement. 

Hélas, à chaque époque ses tristes sires : deux ans plus tard, le guilleret Régime de Vichy lance sa « Révolution nationale »… et le pastis fait partie de ce qui devient interdit. Sous l'occupation, on estime en effet que la défaite est due, en partie, à la « France de l'apéro ». Comme si l’anisette fabriquait des feignants, des ivrognes, des traîne-savates, et des antipatriotes… Tssss. Ca se saurait. En attendant, même à la Libération, le nouveau gouvernement du Général (dont on se doute bien du goût pour la Bamboche) ne révoque que partiellement les dispositions de Vichy, et n’autorise que les apéritifs à 40° ; il faut attendre encore 6 longues années avant qu’en mai 1951, le « vrai » pastis ne soit rétabli par décret : hop, ça y est, les hostilités peuvent reprendre !


 :::: Episode 7 

Le trust Pernod contre-attaque, et lance son terrible « Pernod 45 », au moins aussi létal que le Colt du même calibre (« …Le révolver est ton idôôôôôle…. »). Et vu que la publicité des apéritifs anisés par affichage ou voie de presse reste interdite, ChemiseOuverte est Gros-Jean comme devant avec ses illustrations sensass. Ca ne suffit à calmer ses ambitions : en pleine crise de Suez et de pénurie de pétrole, il organise l’incroyable « Caravane de la Soif », avec une livraison de Ricard dans tout Paris… à dos de chameau ! Barjot, mais sacrément brillant, ChemiseOuverte…

En réponse, Pernod lance la marque emblématique « Pastis 51 »… en 1951. Fallait oser. C’est une idée de Brillantine/Jean Hémard, le PDG.

Dans la foulée, le trust rachète la Distillerie de Suze (spéciale dédicace à Mamie Tuche). 

Coup pour coup : en 1961, ChemiseOuverte/Paul Ricard il emmène tout son staff à Rome afin que son pastis…soit béni par le Pape ! 

:::: Episode Final 

La saga s’arrête enfin en 1975 : Brillantine/Jean Hémard, président de Pernod, et ChemiseOuverte/Paul Ricard, président de Ricard, réunissent leurs entreprises pour créer le super-trust « Groupe Pernod Ricard ».

La bataille de l’absinthe, puis du pastis, ne se joue désormais plus qu’au comptoir : on s’y chamaillera à vie dans un sempiternel débat autour de l’un ou de l’autre des Anis dans une joute fracassée autour de la Sainte Trinité du Pastis, Pernod et Ricard ayant été rejoints (très pacifiquement !) par un homologue corse « Manu » Casabianca, ayant à son tour posé sur le zinc en 1925 une anisette très jaune, à boire presque pure : le Casanis (ou « Spaggiari » pour les intimes). Allez zou : bascule ! 

 

PS : pour les amateurs d’absinthe (et d’histoire(s)), le 2 novembre 1988, un décret signé par Michel Rocard autorise à nouveau la présence de Thuyone (molécule de l'huile essentielle d'absinthe) dans les boissons et l'alimentation, ce qui a permis techniquement de produire à nouveau de l'absinthe en France. L'absinthe, comme autrefois, titre désormais entre 45° et 90°. En France, elle est produite notamment à Fougerolles (distillerie Peureux), à Pontarlier évidemment (distillerie Pierre Guy de Pontarlier), à La Cluse-et-Mijoux (distillerie Les Fils d'Emile Pernod), à Saumur (distillerie Combier), à Rennes (distillerie Awen Nature) et à Vichy (distillerie Muse de France). Une des plus vielles distilleries de France, la distillerie Cherry Rocher située en Isère, produit également 7 absinthes différentes. Elle est aussi de nouveau fabriquée au Val-de-Travers (région de Suisse romande, berceau de l'absinthe) dans une douzaine de distilleries. En 2001, François Guy, 4e génération de la Distillerie Pierre Guy de Pontarlier, a lancé la première absinthe distillée et colorée naturellement, redonnant ainsi à l'absinthe de Pontarlier ses lettres de noblesse.

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