vendredi 13 mars 2015

Le mystère du Cerf de l'autoroute d'Aubagne, part II.

Il y a un peu plus de quatre ans, je postais sur ce blog (ici : "Le cerf de l'autoroute d'Aubagne"), une interrogation sur la créature ayant inspiré le design des panneaux de voirie signalant ces improbables animaux sauvages susceptibles de traverser les artères surtaxées ceinturant nos villes de bitume.
Après des années d'investigation, je livre ici le corps de mon enquête et les pistes sérieuses que j'ai suivies sur l'origine mystérieuse de cet "animal urbain mythologique" :

Capture n°1 : bien que fringuant, ce ne peut pas être ce spécimen : non seulement sa robe est un peu terne, mais son saut manque un peu d'élégance. En plus il est un peu dodu, et semble déboussolé. Trop stressé.
Capture n°2 : celui-ci est assez altier, mais il a décidé de contrarier la patience du photographe désigné pour saisir le spécimen en mouvement (et qui lui-même, semble une brêle.). Il semble têtu, insolent et vaguement laxiste. Ce ne peut être l'animal recherché. Trop ennuyeux.
Capture n°3 : ceux-là se déplacent en bande, et ne comptent pas dans leur rang de spécimen exceptionnel; de caractère banal et nonchalant, ils n'apparaissent pas susceptibles de compter parmi eux la bête recherchée. De plus, le paysage est bien trop beau et sauvage pour correspondre à la brutalité de l'opposition qui  nous intéresse : l'animal sauvage survolant l'enfer urbain de sa majesté menacée. Trop bucolique.
Capture n°4 : celui-là, bien qu'assez proche d'une confrontation nature/technologie (au point qu'on se surprend à envisager une suite à cet instant figé qui prendrait la forme d'un "boum" - ou d'un "splash", au choix), est bien trop juvénile. Ses oreilles de Mickey le desservent, et ses minables pattes avant ne ressemblent à rien. Trop naïf. 
Capture n°5 : instant de frisson dans mon enquête : la bête est superbe, puissante, offensive... Mais non : le cul est un peu bas, le véhicule cheap, la route rurale, et le stop, incongru. Merde. Pas assez précis. 
Capture n°6 : l'environnement a beau être assez approprié dans sa laideur banlieusarde suburbaine, l'animal est aussi maigrelet que frileux. Là encore, le "bang" n'est pas loin. Et ces petites pattes repliées comme une mémé à confesse, non, ce n'est pas ça. Trop fragile. 
Capture n°7 : alors que l'on soupçonne immédiatement la supercherie grâce au panneau jaune - peu usité dans nos contrées friandes de rouges agressifs et de bleus sanctionneurs -, la présence trop marquée de la nature, ajoutée au calme de la voie et à cette nonchalance toute anglophone, confère à ce spécimen une apathie incompatible avec le racé de notre animal. Trop défoncé. 
Capture n°8 : si nous sommes plongés dans le plus parfait urbanisme avec ces arbres circonscrits derrière des barrières pour mourir tranquilles et ces camionnettes ultra polluantes, ce spécimen est insupportable de courtoisie, de politesse et de bonne éducation. S'arrêter au passage clouté pour attendre le bonhomme vert, c'est une vision insupportable pour le type d'animal farouche et inaccessible que nous recherchons. Trop conditionné. 
                          
Capture n°9 : celui-là mérite à peine de figurer dans cette enquête : précautionneux, timide, couard, et tout ça pour traverser non pas une autoroute, mais une bête départementale limitée à 25 ! Trop prudent.
Capture n°10 : alors que la folie de la ville trouve cette fois son plein exercice, ces deux bêtes expriment tout à la fois leur bêtise, leur vanité, et leur affolement; elles ont beau emprunter un peu de cette folie et de cette provocation qui fait l'apanage de mon bestiau, on est très loin du compte. Trop prétentieux.
Capture n°11 : à ce stade, je commence à penser que ma quête est vouée à l'échec : ce cerf-là n'est, une fois de plus, qu'une très pâle imitation de mon animal-totem; la route qu'il traverse est elle-même une pâle copie de route.
Capture n°12 : Je comprends que ma quête est vouée à l'échec : le cerf de l'autoroute d'Aubagne ne peut être trouvé. Des milliers de cerfs traversent chaque jour les routes et les autoroutes. Mais aucun n'est l'animal mythologique pur et dominant qui survole l'es étendues crasses de nos villes infectes. Ce dernier spécimen, tout à sa beauté et l'élégance de son saut, me dédaigne en traversant ce chemin de campagne : il sait, lui, que le roi des Cerfs n'existe plus que sur un panneau réfléchissant. 
(Quant au type qui se fait sucer dans sa berline par une pute de village, il est bon pour une belle dispute avec sa femme, qui lit assidûment ce blog et reconnaît à l'instant sa plaque minéralogique.)

1 commentaire:

  1. Est-ce que tu as tenté d'étendre tes recherches aux cerfs de l'autoroute d'Aix.
    Je pense plus particulièrement à celui de Plan de Campagne, qui à mon avis, ne passe qu'au moment des soldes juste avant la fermeture des magasins (heure où je ne suis jamais sur cette autoroute)

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