mardi 5 mars 2013

Never post on monday what you wrote a monday.

Après avoir abandonné les rues désertes jonchées de grands vides durant vingt-quatre interminables heures durant lesquelles tout s’est entendu de loin, la machine foireuse s’est, sans surprise, remise en route dès la nuit chassée. Les premiers, les bruits se sont mis à vrombir. Des bras prolongés d’outils, des mains repliées sur des commandes se sont mises à percuter des croûtes de sols agglomérés, tapant partout obstinément des parois dès l’arrivée de l’aube pour ne plus devoir s’arrêter de marteler leur imbécilité barbare jusqu’au retour du soir, réveillant des conglomérats de poussière dissous la veille qui se ré-amalgament pour entamer leur exode au hasard des vents du petit matin : car voilà qu’au signal d’un mécanisme à la fonction ancienne, des milliers d’organismes se meuvent ensemble pour se télescoper à vitesse moyenne sous des antennes, des paraboles maculées et des tôles aveugles qui vibrent aussi de consort sur des ondes et des axes, au-dessus de câbles souterrains distendus, à côté ou au milieu de frottements enterrés dont les crissements émergent jusqu’à l’air libre qui se sature ; de partout des liquides transitent, avalés, recrachés, pressurisés, chuintant, sifflant, des monnaies lasses s’échangent, des cris raclent des parois et s’élancent dans des artères rectilignes au milieu de pas qui s’affrontent et se superposent pour s’enchâsser dans un même labour insensé. Et enfin lentement, très lentement, la langueur commune d’un effort douloureux s’extirpe comme un nuage empêtré de cette marée éperdue et noueuse livrée à sa propre houle. Tandis que fatalement, chaque rouage claque métalliquement contre son clapet dans cette peine immanente, cette fois-ci, par chance, les rayons d’un soleil étincelant sous l’arc bleuté d’un jour naissant plus haut frappent le remugle d’un sabre inutile, et à plusieurs reprises, à plusieurs endroits, quelqu’un aura levé la tête. Et je me dis quand viendra-t-elle cette génération qui apportera enfin le renouveau à toutes ces choses usées mais clinquantes qui refusent de céder leur place, comme ces vieux-beaux en jean's agressifs prêts à faire le coup de poing pour un mot malmené, une liasse épaisse de pouvoir pliée en deux dans la poche arrière ? Quand sentira-t-on les premiers signes, les premières oscillations del’air, quand ces nouvelles rencontres de jeunes gens et de jeunes filles se mettront à arpenter les trottoirs et à invectiver les passants, non plus avec cette morgue menaçante et teigneuse ni ces vêtements aux mélanges soigneusement stéréotypés ni avec ces allures sacrifiées sur l’autel de l’arrogance et du confort contrefait, mais cette fois avec une insolence heureuse, une excentricité neuve, tout à l’étonnante conductivité de leur mue ? Pas entourés d’emballages de ces détritus absorbés sans envie ni plaisir puis jetés à bas de leurs propres pantalons, ni la fesse engluée sur le côté d’une machine bruyante et laide carénée à l’identique dans ces horribles matériaux poisseux et mou, volontairement stationnée comme une crotte de chien en travers d’un passage emprunté par ces binômes d’adultes-robots effrayés et anxieux qui trottinent derrière leurs ratées… mais debout, iridescents, probablement narquois du haut d’un objectif émergeant, évident, totalitaire ! Après la Beat Generation des baby-boomers puis le cynisme de l'opposition mort-née business-culture/contre-culture de la Génération X, cette pseudo-Génération Y évidé de son propre contenu sitôt son couronnement autoproclamé par quelques digital-natives aux yeux cernés de mauvais sommeil puis cette actuelle Génération Z qui fait étrangement écho à la Génération Silencieuse de l’entre-deux guerres, face à face avec son ridicule ultime ennemi qui se met stupidement à fasciner par d’intenses reproductions/déclinaisons sur tous les modes et supports possibles (les « soi-même » revenus de la mort, débarrassés de leur âme et de ses tourments inutiles pour s’adonner enfin à la turpitude du chaos total sans plus une once ni de remords ni de sadisme), je me dis, oui, ce matin, je me dis sera-ce donc la Guerre qui seule offrira à nos envies ratatinées, élimées, remixées à l’infini et parfaitement trop laquées de nouvelles peaux ? Fatalement, ici, chaque rouage claque métalliquement contre son clapet dans cette peine immanente ; cette fois-ci, par chance, les rayons d’un soleil étincelant sous l’arc bleuté d’un jour naissant bien plus haut frappent ce remugle d’un sabre inutile, et à plusieurs reprises, à plusieurs endroits, quelqu’un lève la tête.

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