samedi 16 mars 2013

Jesuisvivantetvousêtestousmorts (A weird Quaisoir tribute)

Le très divertissant/réjouissant/instructif/poétique/éclairé/délicieusement inutile Blog « Après la Pub » - outre de très réguliers articles traitant de sujets dont la variance se dispute à un délicieux éclectisme (poésie, art contemporain, sociologie, geek-culture, cinéma, ravissantes créatures des deux sexes et autres réjouissances) - livre avec une louable constance, tous les vendredi, un « bordel » fait de portfolios sans queue ni tête prenant invariablement fin sur des « messages à caractère informatif ». Il se trouve qu’à l’occasion du 150ème de ces « bordel », l’auteur a compilé une série d’images chacune extraite des 150 épisodes précédents. Bon, jusqu’ici, nous voilà cantonnés à une sorte d’apologie virtuello-confraternelle d’un travail auquel, comme beaucoup d’autres internautes, je suis plutôt sensible. Mais voilà qu’une image, ou plus exactement, un de ces fameux « messages à caractère informatif » extrait du Bordel n° 32 me saute soudain au visage avec la virulence d’un alien tout droit sorti de son œuf.
Collé à mes bajoues comme la sangsue intergalactique susnommée, voilà ce message à la mise en page brillamment binaire parti à l’assaut de mon for intérieur en utilisant mes canaux d’irrigation sans la moindre hésitation, auscultant avec la conviction des formes de vie supérieures mon organisme sous-développé sans se soucier le moins du monde de l’inconfort, voire de la douleur que son intromission frontale génère. Il y prospecte avec une rapidité, une efficacité et une compétence qui m’est forcément inhabituelle un creuset répondant à des critères méticuleusement préétablis et y implante une semence létale dont toutes les chances de survie et de développement ont été optimisées. En ma qualité d’hôte sous-développé, je me familiarise ensuite très vite et très bêtement avec cette greffe contre-nature grâce à une succession précise et protocolaire de stimuli positifs générés à intervalles réguliers par mon colonisateur dans le but de m’empêcher de céder aux légitimes pulsions de rejet que mon anatomie tout entière brûle d’émettre, et passe les 24 heures suivantes à déambuler sans me sentir ni particulièrement inquiet, ni spécialement perturbé. La nuit suivante est pénible ; je me réveille à plusieurs reprises en proie à d’incompréhensibles sueurs, le souffle court, au milieu de cauchemars absurdes et terriblement réalistes, une nausée compressée impossible à localiser nouant l’ensemble de mon circuit digestif. En proie à une succession d’inconforts paupérisés apparaissant et disparaissant sans logique dans mes circuits synaptiques, je finis par affronter mon destin quand la bête, arrivée à maturation, perfore finalement mon cortex.


Je ne suis pas profond.
Je ne suis pas un intellectuel.
Je ne suis pas un artiste.
Je ne suis pas un critique.
Je ne suis pas un poète.
J’ai juste accès à Internet.
Je me demande, face à l’explosion de mon for intérieur dont les débris sanguinolents jonchent le sol de mon ego lui-même brouillé comme une petite omelette de célibataire, ce que je serai amené à faire si il ne m’était pas offert de mettre en ligne toutes ces petites choses que je poste laborieusement sur Internet, que je pense régulièrement profondes, intellectuelles, artistiques, critiques ou poétiques. Je réalise que je m’en détourne la plupart du temps très vite après les avoir plaquées sur mon écran, publiquement, virtuellement certes, mais publiquement. Parce que généralement, cela empêche la honte de m’étreindre.
Voilà que je prends conscience de ma propre mort en regardant ma dépouille intellectuelle baignant dans ce message, figée dans un rictus : tout n’aura été que virtuel. C’est très con, comme pensée, mais c’est terrible. C’est d’ailleurs parce que c’est si con que ça en est si terrible : à force, tout intelligent que je me suis cru je suis moi-même tombé dans le piège de la virtualité. Pour preuve, mon « public » est restreint à une dizaine d’internautes ce qui, dans la vie réelle, correspondrait sans nul doute à un bide retentissant. Quel type de honte retirerai-je d’une lecture, d’une improvisation ou d’une réflexion que j’aurai souhaité délivrer en public et qu’il me faudrait, à l’heure fatidique fixée pour la représentation, jeter en pâture à une dizaine de personnes éparses et dissipées dont la plupart seraient issues de mon entourage familier ?
L’encolure du virtuel, avec ce message, se referme sur moi comme les mâchoires d’un piège-à-loups sur la cheville d’un chasseur maladroit, révélant comme un rideau affaissé la vacuité de l’espérance d’être lu ou suivi par une nébuleuse d’âmes reconnaissantes informe et pléthorique : ruinée, cette confiance burlesque gît abattue sur les statistiques bien réelles du gestionnaire automatisé de mon blog, qui n’a eu de cesse de me mettre face à la ridicule quantité de mes pages qui ont été lues sans que cela ne parvienne, un seul instant, à ébranler mes chimères .
Je me suis trompé de honte, comme c’est cruel. "La récolte est mauvaise, on a les yeux serrés, comme des rigoles..."
Ce que je pensais, vivais, fantasmais comme la honte de m’exposer nu face à la foule se révèle hideusement, dans le miroir polygone de ce message virtuel au noir macabre, n’être que la honte de l’évènement boudé et de l’indifférence.
Je n’ai pas eu plus de juge que de public, plus d’inspiration, de talent, de brillance, de fans, de lecteurs, de notoriété ni de reconnaissance que n’importe quel autre de mes congénères : tout ce que j’ai, c’est un accès à Internet. Tout ce que j’ai c’est un accès à Internet et cela a suffi à mon illusion. Le « message à caractère informatif » / alien bave son acide sur les parois de ma réalité morose tandis qu’étendu dans une posture ridicule, une main plaquée sur mon abdomen / cortex béant, je sens l’étreinte de la mort enserrer de ses doigts roides mon cœur idiot. Dans l’instant de lucidité qui précède le trépas, je réalise que ce message a lui-même été posté sur Internet, par l’intermédiaire d’un blog. Cela m’interpelle une seconde, avant de me faire sourire. Je sens mon cerveau grésiller. J’ai envie de l’écrire, avant d’outrepasser. J’ai envie de dire à des gens, aux gens, que tout ceci est absurde. Que tout cela n’a pas plus de sens qu’une de ces énigmes algébriques que l’on ne peut résoudre et dont sont si friands les mathématiciens, surtout lorsqu’ils l’énoncent. Alors, tel Ripley, je me relève et ça n’a pas d’importance si cela n’est pas possible, si dans la vraie vie ce n’est pas cohérent, si c’est impossible, si ça ne se peut pas, parce que je me relève quand même et que c’est très dur et que je souffre mais que je me dépasse, que tu sais quoi, je regagne ma petite table de travail et que j’empoigne mon stylo. J’ai un raison qui me pousse, quelque chose de plus fort que la mort et de plus fort que la douleur, de plus fort que l’absurde et de plus fort que la honte : j’ai un accès à Internet.

1 commentaire:

  1. Bonjour a tout le monde

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